Les Gilets Jaunes étaient deux fois moins nombreux à se mobiliser samedi dernier. Mais l’économie est touchée depuis maintenant un mois et nous sommes à huit jours de Noël…Le pays peut il se remettre d’une crise sociale aussi dure ?
Les entreprises entre pression fiscale et pertes sèches
"Il peut se remettre mais cela va nous coûter très cher, estime Véronique Jacquier. Les dix milliards de dépenses pour satisfaire les revendications des Gilets Jaunes ne sont pas budgétées. Le gouvernement doit trouver de l’argent : soit les entreprises sont mises à contribution, soit le gouvernement emprunte et laisse filer les déficits." Dans tous les cas, la pression fiscale va encore s’accentuer sur les sociétés. Des sociétés qui paient déjà un lourd tribut depuis un mois. On recense ainsi 10 millions d’euros de manque à gagner dans l’hôtellerie à Paris, mais 40% de baisse du chiffre d’affaires dans le commerce dans les zones exposées, surtout en régions.
Conséquences : 15.000 emplois de saisonniers menacés d’ici Noël. "Je n’ai pas l’impression que l’on fasse beaucoup d’économies pour nos entreprises, estime Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME de Paris-Île-de-France . Les taxes augmentent sur la durée. Il est vrai qu'il y a eu des choses positives, mais il y a aussi aujourd’hui de grandes inquiétudes. Ce que l'on demande, c’est moins de contraintes, de tracasseries pour pouvoir travailler librement et que nos salariés se sentent bien dans nos entreprises. La prime de 100 euros, ce n’est pas plus compliqué que le prélèvement à la source. On attend de voir les textes..."
Une facture lourde pour le gouvernement
Par ailleurs, l’attractivité de la France est également sérieusement touchée. Le débat sur l’ISF ne peut que faire fuir des investisseurs étrangers épouvantés par notre instabilité fiscale, et le tourisme souffre également. Au final, le mouvement des Gilets Jaunes impacte directement la croissance : la Banque de France ramène sa prévision pour le trimestre en cours de 0,4 à 0,2%. Une bien mauvaise façon de débuter 2019…
La facture est tout aussi lourde politiquement pour le gouvernement. "Record d’impopularité pour Emmanuel Macron, confirme Véronique Jacquier. Avec les terribles images des casseurs mêlés aux Gilets Jaunes, même son aura sur la scène internationale a disparue. Et puis cette crise rebat politiquement les cartes. C’est une crise sociale et elle ne profite pas à la gauche !" En effet, selon l’enquête de l’IFOP pour le Journal du Dimanche, si l’élection présidentielle de 2017 avait lieu aujourd’hui, Jean Luc Mélenchon ferait à peine 14%. Emmanuel Macron ferait 25%. Marine le Pen 27%. "C’est le Rassemblement National qui a les cartes en main pour rafler la mise."
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