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La France promet de ne rien céder face à l'antisémitisme en commémorant la libération d'Auschwitz

Le gouvernement français a promis lundi qu'il ne céderait rien à l'antisémitisme, à l'occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, marqué en France par une série d'hommages, en présence des derniers rescapés.

Thibault Camus - POOL/AFP

Le gouvernement français a promis lundi qu'il ne céderait rien à l'antisémitisme, à l'occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, marqué en France par une série d'hommages, en présence des derniers rescapés.

Le 27 janvier 1945, les troupes russes libéraient le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, révélant au monde l'horreur du génocide nazi.

Pour commémorer l’événement, Emmanuel Macron s'est rendu lundi matin au mémorial de la Shoah à Paris. Il y a observé une minute de silence en mémoire des victimes de l'Holocauste, déposé une gerbe et signé le livre d'or.

"Nous ne céderons rien face à l'antisémitisme sous toutes ses formes", a-t-il écrit. "L'universalisme de la France se nourrit de ces combats", a-t-il ajouté.

Dans le cadre des commémorations, le président et son épouse Brigitte Macron participent lundi après-midi en Pologne à la cérémonie internationale organisée sur le site d'Auschwitz-Birkenau en présence d'autres dirigeants étrangers.

En fin d'après-midi, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé 3,5 millions d'euros supplémentaires pour l'extension et le réaménagement du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ), portant à 6,5 millions d'euros le soutien de l'Etat dans ce projet.

A Paris, la ministre de l'Education Elisabeth Borne, dont le père a été déporté à Auschwitz, a visité le mémorial de la Shoah à la mi-journée, accompagnée notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, en commençant par l'exposition retraçant l'histoire du judaïsme et la montée de l'antisémitisme en Europe.

L'enseignement de la Shoah doit pouvoir être abordé "sans aucune censure", a déclaré la ministre, faisant de l'école "ce rempart d'humanité contre l'oubli de l'Histoire et la banalisation de la haine".

La ministre de l'Education Elisabeth Borne au mémorial de la Shoah, à Paris, le 27 janvier 2025

La ministre de l'Education Elisabeth Borne au mémorial de la Shoah, à Paris, le 27 janvier 2025

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Car "aujourd'hui, 80 ans après l'horreur nazie, l'antisémitisme prolifère, prend d’autres visages, (...) se drape dans d'autres mots, se dévoile au grand jour sur Internet et partout en France, se déchaîne depuis la barbarie terroriste du 7-Octobre", a-t-elle dit.

Après la lecture d'une lettre de déporté, un chœur de 120 lycéens a chanté plusieurs chansons choisies par les rescapés présents et symbolisant à leurs yeux la Shoah - Nuit et brouillard de Jean Ferrat, la Marseillaise, le Chant des marais...

Dans la matinée, Esther Sénot et Léon Placek, rescapés des camps, ont répondu aux questions de lycéens sur leur déportation, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos...", a ainsi expliqué Léon Placek, 91 ans, survivant du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l'âge de 10 ans avec sa mère et son frère.

- "Autant d'horreur" -

Les questions sont nombreuses et il n'en élude aucune: "En termes d'hygiène ça se passait comment?"

- "Il y avait un lavabo avec de l'eau froide. On devait puer".

- "Est-ce que vous aviez des objets personnels?"

- "On se servait sur les cadavres, on prenait les vêtements des cadavres"...

- "Comment c'est possible de revenir à la vie normale après avoir vu autant d'horreurs ?"

- "Je ne sais pas, l'homme est fait comme ça. De deux choses l'une: ou on crève ou on va de l'avant".

Comme personne ne l'aborde, il pose lui même la question de la foi: "non, je ne suis plus croyant... Si Dieu existait, où il était à l'époque?"

Comme beaucoup, Léon Placek a longtemps gardé le silence. Au début "on ne parlait pas, ça n'intéressait personne. Mais depuis un an que je le fais dans des collèges et lycées, la nuit ça me revient...", ajoute-t-il, appelant les plus jeunes à "faire confiance au prochain: le prochain, c'est comme vous, c'est un homme ou une femme"...

- "Emotions" -

Dans le public, Emma Arene, 17 ans, en terminale au lycée Charles Péguy d'Orléans, éprouve "beaucoup d'émotions" à écouter ce témoignage. "Se dire que c'était il y a 80 ans, c'est si récent... Écouter un rescapé, on sent l'Histoire, ça nous touche", confie-t-elle.

Le Premier ministre François Bayrou a ravivé la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l'Union des déportés d'Auschwitz.

De son côté, la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a inauguré le jardin mémoriel de l'ancienne synagogue à Strasbourg avant des échanges prévus avec des collégiens, sur fond de recrudescence d'actes antisémites en France depuis plus d'un an.

"Si nous honorons aujourd'hui les victimes du passé, nous devons être lucides sur les combats du présent (...) l'antisémitisme n'a pas disparu", a affirmé celle qui doit relancer le 13 février les assises de lutte contre l'antisémitisme.

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Par Valérie LEROUX et Claire GALLEN / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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