Pour Peggy Sastre, "ce livre c’est vraiment un livre de genèse". "C’est la genèse intellectuelle des impostures intellectuelles", explique-t-elle. "En anglais, on parle de ‘cynical theories’, c’est-à-dire les théories cyniques", continue-t-elle. "Quand on suit ces théories, c’est même plus qu’une déconstruction, c’est un dynamitage de l’ordre rationnel", explique la journaliste.
Ce "dynamitage de l’ordre rationnel" est "issu des lumières et notamment de la raison", explique Peggy Sastre. "Les deux grands principes qu’ont isolés Helen Pluckrose et James Lindsay, c’est le principe politique du post-modernisme. Dire que toute la société est organisée autour de rapport de domination et d’oppression. Et dire qu’on ne peut pas en sortir, etc.", explique la journaliste au micro de Sud Radio. Le second principe est "le principe de connaissance, ou épistémique post-moderne où en fait tout est construction, tout est une affaire du discours. C’est de dire qu’il n’y a pas de réalité objective".
"C’est un acide qui détruit tout et qui est très pernicieux"
Pour Peggy Sastre, "c’est là qu’est le cynisme parce que s’il n’y a pas de réalité objective, il n’y a pas de terrain d’entente. On est dans une banalisation totale de la société", explique la traductrice du livre Le triomphe des impostures intellectuelles. "C’est vraiment un acide universel. C’est ce que dit Alan Sokal dans la préface", ajoute-t-elle. "C’est un acide qui détruit tout et qui est très pernicieux", explique la journaliste.
"Chacun a sa réalité", explique Peggy Sastre, "chacun a ses faits". "D’ailleurs les faits n’existent pas, tout est une construction", ironise-t-elle. "Le langage est fachiste, la science est sexiste, etc.. Il y a autre chose dans toutes les théories décoloniales, c’est que la science est une construction de l’homme blanc", explique-t-elle. "On a imposé aux peuples colonisés la science. Mais il y a une autre façon de savoir. Il ne faut pas se reposer sur la raison, ni sur la logique. On peut parler de sorcellerie, de médecine entre guillemets naturelle, traditionnelle, etc.", explique-t-elle. "Tout se vaut", continue-t-elle, "C’est même plus que tout se vaut. Ces voies-là sont supérieures parce qu’elles ont été opprimées avec la colonisation", juge-t-elle.
"La nouvelle phase du post-modernisme prétend avoir un discours de réalité"
"La première imposture intellectuelle que Alan Sokal et Jean Bricmont avaient parfaitement décortiqué était que la théorie E=mc2 d' Einstein était fausse parce qu’Einstein était un homme blanc", explique Peggy Sastre. "Il y a tout un truc de Luce Irigaray qui dit que l’équation E=mc2 est sexiste. Parce que la vitesse prime sur l’énergie et que la vitesse c’est l'élément masculin de la chose. Alors l’élément féminin est opprimé", explique la journaliste.
"Ce qui est pour le coup pernicieux par rapport à cette première phase, c’est ce que Helen Pluckrose et James Lindsay décortiquent aussi. C’est la nouvelle phase du post-modernisme qui prétend justement avoir un discours de réalité", explique Peggy Sastre. "C’est là que c’est à la fois, complètement hypocrite et incohérent logiquement et très dangereux", juge-t-elle. "Ce qui est très dangereux et incohérent, c’est qu’il s’agit d’un discours qui dit d’un côté qu’il n’y a pas de faits. Tout est réalité et tout est relatif, etc.", explique-t-elle. "Mais en même temps, l'oppression et les discriminations sont réelles et ça c’est pas discutable".
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