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La marche toujours en plein boom, la rando séduit de plus en plus de femmes

Longe-côte les pieds dans l'eau, marche nordique avec bâtons, balade classique en forêt ou rando sac à dos: depuis plusieurs années, la marche et la randonnée tirent l'activité physique des Français, avec davantage de femmes qui randonnent en itinérance.

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Longe-côte les pieds dans l'eau, marche nordique avec bâtons, balade classique en forêt ou rando sac à dos: depuis plusieurs années, la marche et la randonnée tirent l'activité physique des Français, avec davantage de femmes qui randonnent en itinérance.

Quoi de plus simple que de marcher? Etude après étude et encore plus après les confinements de la crise du Covid-19, marche et randonnée séduisent. D'après l'enquête nationale 2020 sur les pratiques physiques et sportives pilotée par l’Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), environ 25 millions de Français s'y adonnent de manière régulière.

"Cela ne demande pas d'investissements importants quand on commence, on randonne autour de chez soi, il n'y a pas de contre-indications", explique à l'AFP Brigitte Soulary, présidente de la Fédération française de randonnée pédestre qui compte quelque 250.000 adhérents.

De nouvelles pratiques sont apparues, comme le "longe côte", marche aquatique où l'eau monte jusqu'à la taille voire la poitrine et qui a même un championnat de France, le "rando caching", mélange de randonnée et de chasse au trésor, ou encore "la marche afghane", où la respiration est coordonnée avec le rythme des pas.

- Compter ses pas -

Mais la pratique est bien plus massive, car beaucoup marchent ou randonnent sans être inscrit à un quelconque club.

A Marseille, Lyon ou encore en région Ile-de-France se développe "la rando en ligne": on débarque dans une gare et on repart d'une autre, que l'on gagne à pied.

Les bienfaits de la marche pour la santé n'y sont pas pour rien non plus dans ce succès, à l'heure des applis qui comptent les pas.

Et, nouveauté, un peu plus de femmes se lancent dans les randonnées itinérantes, plus fréquentées par les hommes habituellement.

Chloë Chaudemanche fait actuellement sa thèse d'anthropologie sur les effets du genre sur la pratique de la randonnée itinérante, en solo ou en groupe. "D'après mes observations", dit-elle à l'AFP, "j'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus et notamment de jeunes femmes, surtout solo ou en duo. Il y a aussi quelques groupes de femmes."

"Physiquement une femme peut marcher comme un homme, donc ce sont vraiment des faits sociaux, des socialisations genrées qui font que les femmes vont remettre en cause leur capacité" à randonner, explique-t-elle. La chercheuse, elle aussi randonneuse, pointe aussi "l'absence de rôle modèle, de figure d'inspiration, de femmes en randonnée".

Elle note qu'il a fallu du temps avant que le matériel ne soit adapté aux corps des femmes comme les sacs à dos par exemple. Dans le cadre de sa thèse à l'Université Lyon 1, elle s'intéresse aussi à la gestion des règles pendant la randonnée.

Elle a également noté que certaines marques de sport avaient investi le terrain, en lançant aussi des groupes de randonnée exclusivement féminins. La marque leur permet de tester des chaussures et veut gagner des clientes.

- "Tu n'as pas peur ?"-

Accompagnatrice en montagne au Pays basque, Caroline Aphessetche a créé Lilika en 2020 dans le but que "toute femme se sente légitime à faire de la rando, quel que soit son niveau", explique-t-elle à l'AFP.

"Beaucoup ne savent pas s'orienter et veulent faire d'autres itinéraires que ceux qu'elles pratiquent autour de chez elles", détaille-t-elle. Elle ne ferme pas la porte aux hommes. "Un homme m'a dit: +Je suis content quand je viens avec toi car j'ai le droit d'être nul ici+", confie-t-elle, considérant par ailleurs que les femmes "sont hyper bonnes en montagne".

Enseignant-chercheur à l'Université Lyon 1, Eric Boutroy travaille actuellement sur "la marche ultra-légère" qui consiste à minimiser son chargement.

Pour la pratique en solo des femmes, en particulier quand elles bivouaquent, il relève l'existence de "barrières d'appropriation de ces modalités d'activité". "+Tu randonnes seule, mais tu n'as pas peur+?", la question est souvent la même. "En sociologie, cela s'appelle un rappel à l'ordre", décrypte-t-il. Dès qu'on "technicise" - ce qui comprend les compétences d'orientation ou de cartographie - ou qu'on allonge le nombre de nuits passées dehors, il y a ces barrières pour les femmes.

Néanmoins, il remarque qu'"il y a plus de femmes aujourd'hui qui font des choses plus compliquées et plus engagées qu'auparavant".

Par Déborah CLAUDE / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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