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La société doit "changer de regard sur le viol", demande Gisèle Pelicot

"Il est temps qu'on change le regard sur le viol", a demandé mardi Gisèle Pelicot, lors de sa dernière intervention au procès des viols de Mazan, qui est pour elle celui "de la lâcheté" et d'une "société machiste et patriarcale".

Christophe SIMON - AFP

"Il est temps qu'on change le regard sur le viol", a demandé mardi Gisèle Pelicot, lors de sa dernière intervention au procès des viols de Mazan, qui est pour elle celui "de la lâcheté" et d'une "société machiste et patriarcale".

"Pour moi, ce procès sera le procès de la lâcheté" a répété à trois reprises la septuagénaire, face à son désormais ex-mari, Dominique Pelicot, tête baissée dans le box des accusés.

"Il est grand temps que la société machiste et patriarcale, qui banalise le viol, change, il est temps qu'on change le regard sur le viol", a ensuite enchaîné Gisèle Pelicot, livrée pendant une décennie par son mari à des dizaines d'inconnus qu'il recrutait sur internet, après qu'il la droguait.

"Depuis le début de ce procès, j'ai entendu beaucoup de choses, c'était inaudible...", a-t-elle indiqué, reconnaissant que la succession des 51 accusés à la barre depuis début septembre, terminé mardi matin par Philippe L., 62 ans, engendrait "une fatigue qui se fait ressentir".

"J'ai vu défiler à la barre des individus qui nient le viol", pour la plupart, et "j'ai beaucoup de mal face à cette banalité. J'ai envie de dire à ces hommes: à quel moment quand vous pénétrez dans cette chambre Mme Pelicot vous a donné le consentement ? A quel moment face à ce corps inerte vous prenez conscience ? A quel moment vous n'allez pas le dénoncer à la police ?", a-t-elle ajouté.

"J'ai entendu: +j'étais téléguidé+, j’ai entendu +j'ai bu un verre d'eau, j'étais drogué+. Mais à quel moment ils n'ont pas percuté ?".

Gisèle Pelicot a ensuite été questionnée par plusieurs avocats sur sa relation avec son ex-mari ou sur comment elle a pu ne rien déceler des quelque 200 viols subis entre 2011 et 2020, dont la moitié perpétrés par son mari.

"Il y en a peu qui assument leurs actes. Ils ont violé ! J'entends ce monsieur qui dit +un doigt, c'est pas un viol+. Qu'il s'interroge !", s'est-elle insurgée.

Elle a également réfuté le fait qu'elle ait pu pendant les 50 ans de sa vie avec son ex-mari être "sous emprise" ou "manipulée": "Est-ce que vous croyez que je serai restée pendant 50 ans avec quelqu'un qui me manipulait ? (...) Absolument rien ne m'a mis la puce à l'oreille!".

"Monsieur Pelicot avait beaucoup de fantasmes, que je ne pouvais pas tous assouvir avec lui. Mais pourquoi on en arrive là ? Je pense que ce qu'il voulait, c'était madame Pelicot et pas une autre personne. Comme je ne voulais pas aller dans un club échangiste, il s'est dit avoir trouvé la parade en m'endormant".

"J'ai perdu 10 ans de ma vie que je ne rattraperai jamais. Jamais ! Jamais cette cicatrice ne se refermera !", a-t-elle lâché.

AFP / Avignon (AFP) / © 2024 AFP

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