Une professeur de lycée menacée de mort parce qu’elle avait demandé à une élève d’enlever son voile. La réaction d'Élisabeth Lévy.
Ça s’est passé vendredi pendant une sortie scolaire d’élèves de 1ère du Lycée Simone Weill, dans le quartier du Marais à Paris. Ils se rendent à la BHVP. Une jeune fille arrive voilée, et quand l’enseignante lui demande, conformément à la loi, de retirer son voile, s’énerve et appelle sa mère. Le frère prend l’appareil et menace la prof : "je vais te défoncer, tu vas voir ce qui va t’arriver". Et il débarque effectivement, au lycée puis près du musée. Interpelé par la police, il aurait déclaré: «Si quelqu’un touche au voile de ma sœur je le tue». Il est sorti libre de sa GAV dimanche et sera jugé à la fin de l’année pour "outrage et menaces sur une personne chargée d’une mission de service public". Comme ça, il aura le temps de terroriser d’autres enseignants.
Cela intervient une semaine après la prof poignardée à Caen
Professeur devient un métier à risque. On ne sait pas grand-chose du drame de Caen, mais cela montre aussi la désacralisation de la personne du professeur.
L'incident de Paris est plus inquiétant encore. Certes, le passage à l’acte a été évité. Mais le MEN a écrit à toutes les académies pour signaler une recrudescence des remises en cause de la loi de 2004 relayées sur les réseaux sociaux. On met dans la tête des jeunes musulmans qu’ils sont victimes de racisme, que l’école est islamophobe, donc que tout est permis. Un incident comparable a abouti à l’assassinat de Samuel Paty. Et depuis, plusieurs profs sont exfiltrés tandis que les parents qui menacent ne sont pas toujours sanctionnés.
Cela est révélateur de notre impuissance collective. Quand les femmes iraniennes risquent leur vie pour enlever le hidjab, l'étendard de l’islam politique, il se trouve toujours chez nous des politiques, des intellectuels, des féministes en peau de lapin et même le PR pour le défendre chez nous et expliquer que c’est le fichu de nos grands-mères. Rappelez-vous son air énamouré devant une "féministe voilée" à Strasbourg.
Dans l’affaire du lycée Simone Weil, une responsable de parents d’élèves explique que l’école doit rester un lieu de tolérance et de dialogue. Tendons la joue gauche. Et attendons dans la tolérance qu’un autre professeur soit assassiné.