La défense de la laïcité est-elle devenue un combat du quotidien ? Bien avant le projet de loi censé venir conforter les principes républicains, présenté le 9 décembre, des actions sont menées par les maires sur le terrain.
"Les ingérences étrangères ne sont pas acceptables"
À Montpellier, une charte de la laïcité est proposée et la mairie refuse le projet de rachat de la mosquée Paillaide par le Maroc. "Je m’oppose à sa vente à une puissance étrangère, explique Michaël Delafosse, maire de Montpellier (PS), pour une raison très simple : aujourd’hui, 9 décembre, c’est l’anniversaire de la loi de séparation de l’église et de l’État en France. Elle dit que le culte se finance par les fidèles et que les fidèles organisent leur culte. Une puissance étrangère n’a pas vocation, sur le territoire de la république, à s’occuper du culte."
"C’est pour cela que je m’oppose à la cession à un euro symbolique de la mosquée à l’Etat du Maroc. Mosquée qui fut payée 1,2 million d’euros par les fidèles. Les ingérences étrangères dans l’organisation du culte en France ne sont pas acceptables, tout comme l’État a une obligation de neutralité à l’égard des cultes." Est-ce juridiquement possible ? "J’utilise le droit de préemption pour m’opposer à cette vente. Certains maires se retrouvent confrontés à ce type de problèmes", confie le maire de Montpellier.
"Le droit de croire ou de ne pas croire"
Se sent-il soutenu dans sa démarche ? "J’ai reçu beaucoup de soutiens de gens de sensibilités différentes, de gauche comme de droite. Beaucoup de fidèles de confession musulmane m’ont dit « vous avez raison, c’est nous qui devons organiser notre culte. » C’est ce que nous appelons de nos vœux, un islam de France, comme il existe un catholicisme de France ou un judaïsme de France. Ou une possibilité de ne pas croire."
Depuis septembre, toutes les associations demandant une subvention doivent aussi signer une charte de la laïcité. Une pétition circule, affirmant que cette charte cible la communauté musulmane. "C’est absolument ridicule, réagit Michaël Delafosse. La laïcité donne le droit de croire ou de ne pas croire. Quand des locaux municipaux sont mis à disposition, cette charte dit que si l’on s’en sert pour le culte, qu’on interdit à d’autres personnes de venir, c’est terminé. Si on empêche une femme d’entrer dans une réunion ou une salle parce que c’est une femme, c’est terminé. Elle pose juste le principe de laïcité. Aujourd’hui, notre République a besoin d’être claire sur ses principes."
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