Laurent Obertone : "Il y a une forme de rétention de l’information"
Pour Laurent Obertone, lorsqu’il s’agit d’insécurité en France, pour les médias, "on sent bien que la victime de l’affaire est toujours très gênante et qu’elle serait toujours mieux inspirée de ne pas la ramener sur les plateaux de télévision, pour faire état de son cas". Depuis qu’il s’intéresse à ce sujet, il constate que "en gros le projet, c’est le vivre ensemble, le vivre ensemble nous enrichit tous et à partir de là si vous venez nous expliquer que pour vous ça s’est mal passé et bien vous faites un peu tache dans le paysage", explique-t-il.
Pour l’auteur de La France Orange mécanique, "ce n’est pas du tout la communication qu’a envie de mettre en avant" les médias. "Donc vous êtes évincé de ce paysage de ces grands médias en quelques sortes", explique-t-il, "c’est une des plus grandes difficultés à laquelle on est confronté quand on enquête sur la sécurité puisque les grands médias font barrage" à l’accès aux informations. "Ils sont très têtus", juge Laurent Obertone. "Il y a une forme de rétention de l’information qui est très dommageable", a-t-il déclaré au micro de Sud Radio.
"Une augmentation vertigineuse des atteintes aux personnes"
"Le paysage est en train de changer mais malheureusement, il ne change pas assez vite", juge Laurent Obertone. "Il ne change pas aussi vite que la progression de l’insécurité devrait l’y obliger", explique l’auteur de La France Orange Mécanique. Selon lui, "aujourd’hui on fait des petites discussions, on s'écharpe sur les petites oscillations de chiffres, mais le nombre de victimes global est terrifiant".
"Le dernier rapport officiel des chiffres de la police et de la gendarmerie montrent que les coups et blessures et les violences sexuelles ont battu tout simplement leurs records", raconte Laurent Obertone au micro d’André Bercoff. "Par exemple, si on regarde l’évolution de ces chiffres sur l’ensemble du quinquennat", c’est terrifiant. "Si on prend l’année 2017, on avait à peu près 18.000 coups et blessures par mois. Aujourd’hui, on est à 28.000, c’est-à-dire 10.000 de plus", explique Laurent Obertone. "Les violences sexuelles, elles, ont quasiment doublé, elles ont même plus que doublé, elles étaient à 3.000 par mois en 2017, on est autour de 7.000 aujourd’hui", ajoute-t-il. Pour lui, il s’agit d’une "augmentation vertigineuse des atteintes aux personnes".
"Ces chiffres officiels ne représentent qu’une part de la réalité"
Pour Laurent Obertone, "pour les vols simples et violents, les indicateurs, notamment les baisses tendancielles ont marqué un coup d’arrêt ce dernier mois et repartent à la hausse". "Il y a un ensauvagement assez net de la situation", juge l’auteur de La France Orange Mécanique. "Même les indicateurs officiels le démontrent", ajoute-t-il, parce que "quand je parle des coups et blessures, on est à 770 coups et blessures par jours, constatés officiellement", explique Laurent Obertone. "Parce que ces chiffres officiels ne représentent qu’une part de la réalité".
"L’Observatoire national de la délinquance menait des enquêtes pour connaître la réalité du chiffre noir de l’insécurité", explique Laurent Obertone. Mais, "Édouard Philippe a dissout ce témoin très gênant". Selon Laurent Obertone, l’Observatoire national de la délinquance "estimait qu’en 2018, on était à 2.400 coups et blessures recensés par jour". "Vous voyez la différence. 2.400 et là on est officiellement autour de 770", explique l’auteur de La France Orange Mécanique. Par exemple, "en 2018, 265 personnes se déclaraient victimes de viols par jour", explique-t-il. "Et pour 100 viols déclarés, on a un violeur qui est jugé donc c’est pas franchement dissuasif", juge Laurent Obertone.
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