Pas de répit dans les banlieues malgré le confinement. Dans certains quartiers, les mesures sont loin d'être respectées et peuvent même dégénérer en violences urbaines contre la police ou les pompiers, comme à Grigny en début de semaine. Une situation qui ressemble en quelques points aux scènes décrites dans Guérilla, le roman d'anticipation de Laurent Obertone.
Le chiffre d'affaires des trafics en chute libre
"Rien ne change et à la limite c'est pire", constate le journaliste dans les banlieues de certaines grandes villes françaises. Les mesures de confinement n'auront pas effacé "le problème initial" des violences. "Dans les cités sensibles, ça ne se passait pas bien avant la crise", et la tendance n'a pas l'air de s'inverser. "Vous ajoutez les centaines de milliers d'élèves qui ne sont plus à l'école et qui sont rendus à la cité. L'oisiveté et l'ennui accumulés, ça n'arrange pas les choses", estime Laurent Obertone.
Dans les quartiers ou dans les prisons, "l'économie criminelle est paralysée", constate l'écrivain. "Le trafic, les cambriolages, les vols à la tir, ces secteurs qui rapportent plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires sont en chute libre", s'inquiète-t-il, prédisant que "les trafiquants vont seulement s'adapter à la nouvelle donne, et donc ça va générer des tensions dans ces banlieues, comme ces attaques à Grigny". Laurent Obertone rapporte une situation quotidienne extrêmement tendue dans les quartiers autour de la capitale."Toutes les nuits en Île-de-France, on a une dizaine d'interventions de maintien de l'ordre, avec des policiers en tenue anti-émeute, des guet-apens que subissent les pompiers", témoigne le journaliste.
Une crise en approvisionnement de stupéfiants
Les dispositifs pour raccompagner les soignants à leur domicile par des gardes du corps ou des policiers, inquiète Laurent Obertone qui y voit "une situation chaotique". "Les médias en parlent pas ou peu", déplore-t-il. "On a des cambriolages qui sont extrêmement violents aujourd'hui parce que les propriétés sont occupées la plupart du temps, donc les cambriolages tournent en agression ultra-violente", dénonce le journaliste.
Dans les prisons, la situation n'est pas plus optimiste. "Vous avez 10.000 prisonniers qui ont déjà été libérés sur ordre du gouvernement", rapporte l'écrivain. "La situation des prisons est extrêmement préoccupante", s'indigne-t-il, voyant-là une raison "des libérations massives des prisonniers". Laurent Obertone remarque "une crise d'approvisionnement en stupéfiants, les frontières étant fermées". "La paix dans les prisons, c'est comme la paix dans les cités, ça repose sur la drogue", déplore-t-il. "Si vous coupez la drogue, les prisons explosent, c'est la même chose dans les cités", prévient le journaliste.
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