"Pourquoi vous êtes à Sciences-Po si vous êtes contre le système ?". "Venez, et confrontez vos arguments plutôt que de crier d’en haut !". La scène a de quoi étonner. Pas franchement réputé pour être à la pointe des revendications sociales et des mouvements sociaux, l’établissement de Science Po Paris a en effet été bloqué par une centaine d’étudiants ce mercredi en marge du mouvement social actuel dans les universités françaises. Un blocage qui ne fait pas l’unanimité et qui a suscité une confrontation entre les étudiants bloqueurs, placés au premier étage, et les autres, opposés au blocus et empêchés d’entrer.
"Il y a plein de gens comme moi qui auraient aimé faire les études que je fais aujourd’hui et qui ne peuvent pas les faire. Jusqu’ici ils ne pouvaient pas les faire à Sciences-Po, et bientôt ils ne pourront le faire dans aucune fac", explique Fabien, étudiant en deuxième année et participant au mouvement, au micro de Sud Radio. Mais l’instauration d’une sélection à l’entrée de l’université n’est pas vue d’un mauvais œil par tous les étudiants, loin de là. "On a choisi la sélection, le diplôme Sciences-Po est aussi garanti par la sélection qu’il y a à l’entrée, une sélection difficile. Plein d’étudiants donneraient beaucoup pour être à leur place, et eux ils bloquent, ils revendiquent la convergence des luttes...", déplore Valentin, inscrit en 1ère année.
Pour Zelda, étudiante en master 1, c’est la forme du mouvement qui est à revoir. "Ce n’est pas en bloquant l’université qu’on va créer du changement mais en ouvrant l’université et en posant ces problématiques en classe", assure-t-elle. Simon, étudiant en dernière année, dénonce de son côté un enseignement biaisé. "Il y a une vision très concentrée sur les paradigmes dominants, qui vont nous expliquer pourquoi il faut libéraliser et privatiser, pourquoi c’est ça qui nous rapproche de l’optimum social, etc.", critique-t-il.
Un reportage de Clément Bargain