Pour en parler, le professeur Christophe Rapp, infectiologue à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), était l'invité de Patrick Roger le 21 avril 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"On n’est pas du tout au niveau de l’immunité collective"
Selon Christophe Rapp, on est encore très loin d’avoir atteint l’immunité collective. "Avec le confinement le virus circule beaucoup moins. Les taux montrent qu’au début une personne infectait entre 3 et 3,5 autres personnes. Aujourd’hui on est à 0,6. Autrement dit, il faut 6 personnes pour contaminer une personne. C’est le fameux indice R0 : il s’agit du taux de reproduction, c’est le nombre de patients infectés à partir d’un cas index. C’est vraiment le marqueur de la diffusion de l’épidémie.
Mais malheureusement, les tests sérologiques montrent que seuls 6 à 10% de la population ont été infectés par ce virus. De ce fait, on n’est pas du tout au niveau de l’immunité collective, qui se situe aux alentours de 60-70%. Le chemin vers l’immunité collective va être très progressif. Il faudra donc apprendre à vivre avec le virus, il va continuer à circuler. Dans l’attente d’un vaccin on devra continuer à se protéger et dépister les malades".
Des déplacements entre régions peuvent faire émerger de nouveaux 'clusters' de la maladie
À la question de savoir si au moment du déconfinement il y a un risque que le virus circule beaucoup plus dans les régions qui sont jusque-là plus ou moins épargnées, Christophe Rapp a répondu : "on pense que si des gens d’Ile-de-France ou du Grand Est (des régions à forte densité de cas) circulent et peuvent allumer de nouveaux foyers dans une région qui n’est pas touchée, on va avoir ce qu’on appelle des 'clusters' ailleurs en France. Ce n’est pas exclu".
Selon Christophe Rapp, il y a des chances que l’intensité de l’épidémie se réduise à l’été. "Il y a des incertitudes là-dessus mais généralement on sait que les virus respiratoires n’aiment pas trop la chaleur et l’humidité. L’été sera très intéressant en termes d’observation. Peut-être qu’on sera aidé par le climat et le virus circulera un peu moins. C’est quelque chose qui va être surveillé."
Coronavirus : la prescription d’antibiotiques est justifiée seulement pour les cas graves
Quant aux antibiotiques, leur prescription n’est pas justifiée dans tous les cas. "L’objectif des antibiotiques dans une pneumonie est d’éviter une surinfection. Car on sait qu’un patient qui a une grippe risque avoir d’une surinfection (pneumocoque, hémophilus, staphylcoque), et on est partis sur le même principe. On a peu de données sur les surinfections des patients du coronavirus, ce n’est peut-être pas superposable. Mais dans les formes sévères à l’hôpital on continue à donner des antibiotiques. En ville les collègues en ont pas mal prescrit, mais il est fort probable que dans les formes peu sévères les antibiotiques n’ont aucun intérêt. En effet, dans 80% des cas les gens avec des formes peu sévères vont guérir en moins d’une semaine."
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