Doivent-ils verser les salaires à 100%, ou comptabiliser le chômage partiel, et surtout, sont-ils éligibles? Depuis le 16 mars ils peuvent faire la demande sur le portail internet, mais le dispositif est complexe. Certains chefs d’entreprises, n’ayant pas obtenu de réponses, n'ont pas versé les salaires.
Un reportage de Mathilde Jullien :
La direction du travail renvoie au portail internet, problème pour Yoann restaurateur : son compte est bloqué et impossible de faire la demande. "Je ne peux pas calculer les salaires et je ne sais même pas si je suis éligible" explique t-il.
"Je les appelle entre 20 et 50 fois par jour"
Après 48h, la demande d'Alain, patron d’une PME, est considérée comme acceptée, mais il est toujours dans l’incertitude à l'heure de payer les salaires de mars. "Pour l'instant je n'ai rien versé. Je n'ai aucune feuille de paye. Je n'ai pas de retour et je ne les ai pas payés parce que je ne sais pas combien je peux les payer. Donc ils ne savent pas à combien va s'élever leur salaire" regrette t-il.
Un casse-tête pour les comptables. "Les lois changent tous les jours, on dit aux clients de verser des acomptes." explique Maxime, expert-comptable. Selon lui 95% des demandes sont acceptées aujourd'hui, mais les contrôles seront très stricts une fois la crise sanitaire passée.
Car si le ministère du travail a ouvert les vannes du chômage partiel pour garantir la survie du tissu productif, elle prévient aussi : il y aura de lourdes sanctions pour ceux qui ne rentrent pas dans les critères.
Le ministère du travail annonce que 4 millions de chômeurs sont en chômage partiel, ça représente 1 salarié sur 5. Au total 400 000 entreprises ont fait la demande sur le portail.
Combien verser ? Un véritable casse-tête
Si du côté des TPE/PME l’incertitude règne à propos du montant salaires à verser, du côté d’un grand groupe comme PSA (où les usines sont à l'arrêt), la question est tranchée : ce sera 84% du salaire. Le mois de mars a été pleinement payé, le manque à gagner sera reporté au mois d’Avril. Le plus dur est à venir : "Les salariés vont perdre plusieurs centaines d'euros, donc une perte forte sur le pouvoir d'achat" dénonce Jean Pierre Mercier, délégué central CGT du groupe PSA.
"PSA est une entreprise ultra-bénéficiaire. Elle n'a pas besoin de l'aide de l'Etat. En plus, plus tard on va nous demander de travailler 60 heures, de faire des sacrifices sur nos congés payés... Ils vont vouloir nous faire payer la note. Ca va être une bagarre qu'on devra mener tous ensemble"