Le cinéaste Yves Boisset, qui a marqué les années 1970 avec des films engagés et politiques comme "Dupont Lajoie" sur le racisme ordinaire, est mort lundi à l'âge de 86 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.
En 1975, sort son film le plus célèbre, "Dupont Lajoie", à partir de meurtres racistes à Marseille commis quelques années plus tôt. Jean Carmet crève l'écran. Bagarres et intimidations de l'extrême droite ont lieu lors du tournage et de la sortie en salles.
Yves Boisset était soigné depuis plusieurs jours à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, où il s'est éteint.
En 1972, c'est "L'Attentat", avec Jean-Louis Trintignant, inspiré par l'assassinat en France de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka. Le film s'en prend au pouvoir gaulliste. L'équipe est interdite de tournage sur plusieurs lieux.
Un an plus tard, sort "R.A.S" (pour "Rien à signaler"). Il est l'un des premiers cinéastes à s'emparer de la guerre d'Algérie. Une histoire d'insoumission dont le leader d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, et ses amis disent tout le mal qu'ils pensent. La censure exige que les scènes de torture soient écourtées.
Scénariste de ses films, il réalise aussi "Espion, lève-toi" (Lino Ventura), "Canicule" (Lee Marvin) ou "Bleu comme l'enfer" (Lambert Wilson). Un de ses autres principaux succès a été "Un taxi mauve" (Philippe Noiret et Charlotte Rampling).
Fatigué qu'on lui mette en permanence des bâtons dans les roues, il avait arrêté le cinéma en 1991 au profit de la télévision. Il avait notamment signé en 1993 "L'Affaire Seznec", en 1995 "L'Affaire Dreyfus" et en 1997 "Le Pantalon", sur les fusillés pour l'exemple de la guerre 14-18.
"Yves Boisset a été critique puis réalisateur engagé. Il a réussi de beaux portraits de créatures pas banales, pris position ds des combats nécessaires et laisse une œuvre solide, engageante et d’un naturel convaincant. Ce n’est pas rien. Quelqu’un de simple. Simplement quelqu’un", a salué l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob sur les réseaux sociaux.
Côté politique, Younous Omarjee, vice-président LFI du Parlement européen, a raconté qu'il avait travaillé avec le cinéaste à un scénario sur l'avocat Jacques Vergès et la lutte des planteurs de canne à La Réunion, projet qui n'a finalement pas vu le jour. L'élu a fait part de sa "tristesse à l’annonce de la disparition (d'un) réalisateur engagé qui incarnait un cinéma social trop peu soutenu".
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP