Reportage Sud Radio de Christine Bouillot
Pour les commerçants du centre-ville, le couvre-feu à 18h a eu un effet catastrophique sur leur chiffre d'affaires. Une fréquentation en baisse alors que, quand on évoque un possible tour de vis supplémentaire, Philippe Léon, président des commerçants indépendant de Toulouse, veut de la clarté :
"On ne peut pas rester comme ça ! On n'a aucune visibilité pour gérer nos entreprises, c'est une catastrophe. On navigue à vue, une semaine après l'autre. Moi, personnellement, je viens de faire des commandes pour février/mars. Il va falloir que je paye. Si on est fermés, comment on fait?"
Dans un récent sondage réalisés par la CPME, la moitié des PME françaises ont déclaré ne pas pouvoir survivre à un troisième confinement. Beaucoup doutent en effet de leur capacité future à rembourser ce prêt garanti par l'Etat, explique Samuel Cette, le président de la Confédération des PME de Haute Garonne: "le 'quoi-qu'il-en-coûte' sans créer de richesse, avec la seule possibilité de s'endetter, c'est juste le droit de mourir un petit peu plus tard. C'est un sujet qui est dans la tête de tout chef d'entreprise aujourd'hui: jusqu'ici tout va bien, mais à cause d'un endettement qui va grandissant, sur laquelle je ne suis pas sûr de pouvoir faire face." Une perfusion de l'économie qui a une durée de vie limitée, incertitude que n’aiment pas les chefs d’entreprises.
"Prendre le temps, consulter les études, discuter, peser le pour et le contre sans opposer sanitaire et économique" - Samuel Cette , CPME 31
"Des tentatives de suicide" comme jamais auparavant, selon ce médecin
Un hypothèse d'un confinement "très serré" à éviter pour le docteur Guillaume Barucq, médecin généraliste et conseiller municipal à Biarritz:
"Un confinement en appelle un autre puis un autre puis un autre, un peu comme une drogue dure. On a toujours tendance à en reprendre même si on en connaît les effets néfastes. Des effets néfestes qui s'accumulent tellement que ça n'en devient plus acceptable. Du concret: j'ai eu des patients en dépression profonde, des tentatives de suicide ces derniers mois alors que j'en n'avais quasiment jamais eu de ma carrière. Certaines personnes ne supporteront pas un nouveau confinement, dans les conditions précédentes en tout cas." - Guillaume Barucq
Propos recueillis par Mathilde Choin
"Je prône l'alternative inverse: l'aération la plus importante possible des populations. En hiver, les inciter à aller en pleine nature, en pleine montage, quitte à allonger les vacances d'hiver. Au printemps, les inciter à prendre le soleil, en été à retourner sur les plages. Cette épidémie n'a baissé finalement qu'au moment de l'été, où les personnes étaient le plus souvent en extérieur. C'est là que les personnes ont le moins de risque de se transmettre le virus. Il faut en prendre compte, et se dire qu'il n'y a pas forcément que le confinement pour se sortir de là." - Guillaume Barucq
Propos recueillis par Mathilde Choin
La prudence du gouvernement s'explique aussi par le fait que les Français n'ont jamais été aussi peu favorable au confinement, comme le démontre notre balise Ifop Fiducial pour Sud Radio et Cnews: 53% des sondés seulement préfèrerait un reconfinement immédiat plutôt qu'un maintien du couvre-feu actuel. En cas de couvre-feu, ils sont 47% à privilégier l'option dure comme celui du printemps dernier (46% en faveur d'un confinement plus léger comme celui de l'automne dernier).
https://www.sudradio.fr/societe/covid-19-lexecutif-va-devoir-trancher-sur-un-troisieme-confinement/