Un reportage de Grâce Leplat pour Sud Radio.
En Seine-Saint-Denis, un des départements les plus pauvres de France, les usagers s’inquiètent du nombre croissant de travailleurs dans les transports en commun
Christophe est membre de la Fnaut - l’association des usagers des transports - et il se rend tous les jours au travail. Mais en raison de la surcharge, il est passé au vélo, santé oblige. Lorsque soudain, le tramway "passe devant moi en ce moment-même, il y a au moins cinquante personnes dedans. Des personnes côte-à-côte ou debout l'une à côté de l'autre..."
Ce monde dans les transports, il l’explique par la réduction drastique des flux de bus et de tramways qui amènent, en contrepartie, à des bus pleins à craquer.
"Ce sont des quartiers où il y a beaucoup de travailleurs pas très aisés qui sont très mobilisés en ce moment. Les caissières, les éboueurs prennent le bus tous les matins pour aller au boulot. Même s'il y a un bus toutes les trente-quarante minutes."
Alors, pour faire face, l’Île-de-France Mobilités vient d'augmenter le nombre de trajets. Mais cela pose un nouveau problème : celui de la tentation de sortir.
"Plus il y aura de trams, plus il y aura de personnes, plus on va remettre de rames, et plus les gens sortiront. Autant il y a beaucoup de contrôles routiers, autant dans les transports en commun, il y en a très peu".
Une situation d’autant plus dangereuse que les transports ne sont pas aussi propres qu'ils le devraient selon Alexis Louvet, chauffeur en Seine-Saint-Denis et co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP.
"Quand le bus a été désinfecté, il y a une petite colerette en papier accroché au volant. Quelquefois, celle-ci n'est pas installée, d'autres fois elle est bien accrochée mais l'état du véhicule laisse penser que c'est un ménage rapide qui a été fait, plutôt qu'une véritable désinfection."
Un tweet récent d'Ahmed Berrahal, lui aussi chauffeur et syndicaliste CGT, pointe clairement du doig, images à l'appui, le manque de nettoyage dans les bus.
Bus 150 Porte de la Villette-Stains, jeudi 2 avril... où sont les nettoyages tant vantés par la RATP... je n'ai plus de mots, que de la rage de voir les vies des agents RATP et des usagers mises en danger par cette négligence criminelle face au #COVIDー19 😡😡 #TransportSansCovid pic.twitter.com/TpWvgwMOdI
— Ahmed Berrahal (@berrahalAhmed93) April 3, 2020
Reste une autre solution : le vélo. Plusieurs collectivités de Seine-Saint-Denis sont prêtes à mettre en place des pistes cyclables provisoires pour pallier le problème de contagion dans les bus bondés.