Le familistère de Guise (Aisne), complexe ouvrier modèle devenu un musée, restera fermé cette année en janvier et décembre afin de faire des économies, notamment de chauffage, dans un contexte budgétaire très difficile, ont annoncé la mairie et le conseil départemental.
Financé à 90% par le département et à 10% par la petite ville de Guise, ce "Versailles ouvrier" restera fermé du 6 janvier au 3 février et du 1er au 19 décembre ainsi que chaque lundi en février, mars, septembre, octobre et novembre, hors vacances scolaires, a déclaré à l'AFP le maire de Guise, Hugues Cochet, confirmant une information de France 3 Hauts-de-France.
"Le président du département nous a demandé de faire des économies sur tout ce qui ne relevait pas de ses compétences obligatoires", selon M. Cochet.
"On n'est pas en train de fermer le familistère", qui accueille quelque 65.000 visiteurs par an, assure le président du conseil départemental Nicolas Fricoteaux (divers centre).
Il parle d'une "mesure acceptable" face à une équation budgétaire quasi-insoluble.
Selon lui, le département a versé 1,575 million d'euros au familistère l'an passé, une subvention qui devrait baisser de 225.000 euros cette année, sous réserve du vote du budget départemental en avril.
Pour son budget 2025, l'Aisne cherche à faire 30 millions d'économies mais en a pour l'instant seulement trouvé à hauteur de six millions d'euros, s'inquiète-t-il.
"On demande des efforts à tout le monde mais (...) s'il n'y a pas une prise de conscience avec une aide exceptionnelle dans la perspective d'une réforme de fond du financement des départements, on n'a pas d'avenir", prévient-il.
En 2024, M. Fricoteaux avait présenté un budget équilibré par une recette fictive, un "fonds d'urgence de l'Etat", pour alerter sur la situation financière de son département.
Pouvant héberger jusqu'à 1.800 personnes dans 500 logements, le familistère de Guise a été construit dans la seconde moitié du XIXe siècle par Jean-Baptiste André Godin, patron réformateur inspiré par le socialisme utopique, et notamment le phalanstère du philosophe Charles Fourier.
L'industriel logea ainsi ses ouvriers à deux pas de son usine de poêles en fonte, dans un ensemble conçu pour garantir hygiène et bien-être comprenant, outre des logements, un théâtre, une piscine et un jardin.
Classé aux Monuments historiques en 1991, le site a ensuite été progressivement restauré et ouvert au public.
AFP / Lille (AFP) / © 2025 AFP