Vendredi 7 juin au soir, les bleues affrontent la Corée du Sud au Parc des Princes. Le foot au féminin ne suscite-t-il pas un engouement que parce que cela se passe en France ? Les footballeuses ont-elles un avenir ?
L'engouement est-il réel ?
"Si elles arrivent aux demi-finales face aux américaines, oui, on aura un effet coupe du monde 'tous derrière les bleues', comme avec les Griezmann, Pavard et M Bappé l’an passé", estime Véronique Jacquier. Mais que les Françaises remportent ou non la compétition l’objectif est déjà rempli pour la Fédération Française de foot : il n’y a plus de billets en vente pour les demi-finales et la finale le 7 juillet, à Lyon. Des matches joués à guichets fermés pour du foot féminin, c’est du jamais vu….
"C’est tout nouveau, tout beau, rappelle Véronique Jacquier. Vous connaissez le nom de la capitaine de l’équipe des bleues ? Amandine Henry. Le nom de la sélectionneuse, l’équivalent de notre Didier Deschamps ? Corinne Diacre…" Si elles ne sont pas encore connues, elles commencent à prendre la lumière et à intéresser les sponsors. Six marques ont noué un partenariat avec la FIFA, avec un ticket d’entrée minimum d’un million d’euros. Les droits télé explosent : TF1 aurait payé 10 à 12 millions d’euros contre 850.000 euros en 2015 sur W9. Le tarif du spot de pub est aussi révélateur : 125.000 euros le spot à la mi-temps en cas de finale. "Pour les hommes en finale, l’an dernier c’était 280.000 euros. Les dames n’ont pas l’aura médiatique de ces messieurs, mais il y a du progrès", juge Véronique Jacquier.
Toujours un machisme ordinaire ?
Y a-t-il du machisme dans le football ? "C’est beaucoup mieux qu’il y a dix ans, avec 40.000 licenciées. Là, on approche des 200.000…, précise Lucie Brasseur, journaliste, auteure du livre et réalisatrice du documentaire #MeFoot, en finir avec les machos du football. Pour la première fois, elles ont un maillot dessiné pour elle, c’est un signe. En revanche, oui, le sexisme ordinaire, ça existe : il y a quelques jours, on a demandé aux filles de quitter Clarefontaine. Corinne Diacre a dit que cela a toujours été comme ça, que les garçons sont prioritaires. En cas de victoire, elles vont gagner dix fois moins que les garçons. Autre exemple de sexisme ordinaire : le site de la FFF qui ouvre en ce moment sur un match France-Andorre en septembre, alors que l’on a un mondial à domicile. De même, on joue le match d’ouverture à guichet fermé : c’est dommage que ce soit au Parc des princes alors que l’on a un stade de France…"
Au-delà de l’équipe de France, comment va le football féminin en France ? On compte 170.000 femmes licenciées en club sur un peu plus de 2 millions de pratiquants. "Mais il y a un engouement qui dépasse l’effet de mode, précise Véronique Jacquier. Noël Le Graët, le patron de la Fédération, constate que chaque fois qu’un club crée une section féminine, 50 jeunes femmes viennent se porter candidate pour faire partie de l’équipe. Ils espèrent arriver à 300.000 licenciées après la coupe du monde". Pour autant, les footballeuses professionnelles s’entraînent après le travail, le soir, ou le week-end. Dans les faits, leur salaire est trop maigre pour en vivre. "Il faut vraiment souhaiter qu’elles aillent le plus loin possible dans la compétition. Aux États-Unis, les filles qui évoluent en équipe nationale sont des stars. En France, il serait temps de se dire : 'oui ce sont des footballeuses' et 'pas des filles qui jouent au foot' !"
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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