Cela fait une semaine que les ministres font passer des messages en boucle à la population. Le gouvernement gère-t-il bien la canicule ? "Si le gouvernement a tiré le signal d’alarme, quitte à être accusé d’en faire trop, c’est parce qu’il y a beaucoup plus de personnes âgées dans notre pays que lors de la canicule de 2003", souligne Véronique Jacquier.
Canicule : "Il y aura des morts"
Quel premier bilan de cette période de canicule ? Le personnel des EPADH a été vigilant, les mairies aussi en appelant les habitants isolés. Des places d’urgence ont été trouvées pour les SDF. Dans les hôpitaux, on a recensé 20% d’appels en plus. Les victimes qui sont à déplorer, sont des personnes ayant pris des risques malgré les conseils de prudence : un cycliste parti en pleine chaleur, des noyades par hydrocution. La ministre de la santé Agnès Buzyn a été sur tous les fronts et ce n’est pas fini. Elle prévient : "Il y aura des morts". Un bilan du nombre de victimes sera communiqué à la fin du mois de juillet. "On pourrait penser que le gouvernement se couvre, précise Véronique Jacquier. Non, il montre qu’il est sur le pied de guerre pour gérer une situation inédite. Quatre départements en alerte rouge canicule en France cela n’était jamais arrivé".
Mais y a-t-il un certain opportunisme politique à agir ainsi ? "Oui, bien sûr ! Mais le gouvernement, comme tout un chacun, prend conscience que ces épisodes de canicule vont se répéter à l’avenir". François de Rugy le ministre de la Transition écologique et sa secrétaire d’État, Emmanuelle Wargon, vont faire des annonces sur la gestion de l’eau. Le risque de pénurie est fort : la France pourrait voir ses ressources baisser de 40% dans 50 ans. Priorité à la protection des sources les plus menacées, et au recyclage des eaux de pluies usées. La France est très en retard sur ce point. En ce moment, 25 départements sont soumis à des restrictions d’eau. Mardi se tendra le deuxième conseil de défense écologique piloté à Matignon par Édouard Philippe. "La politique du gouvernement balance entre affichage et bon plan d’action comme pour l’eau, juge Véronique Jacquier. Un budget de 5 milliards d’euros sur 5 ans, c’est du sérieux". Et l’on se dirige vers une alimentation d’eau différenciée et la débétonisation des bords des grands fleuves.
Plus de paroles que d'actes
Pour autant, interdire la circulation aux vieux diesels aujourd’hui dans toute la métropole du Grand Paris, est-ce bien sérieux ? C’est stigmatisant pour ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens… "Depuis le 1er janvier à Paris, on en est déjà à neuf jours de pollution, rappelle Véronique Jacquier. C’est nécessaire pour un gouvernement qui veut être pris au sérieux sur la transition écologique. On s’aperçoit, avec la canicule, qu’on a pris beaucoup de retard pour que les villes restent vivables. Depuis une semaine, le gouvernement s’est lancé dans une nouvelle politique : la politique du temps qu’il fait. C’est plus facile que de lutter contre le chômage et contre la pauvreté… celle de la fin du mois, de ceux qui roulent avec un vieux diesel".
"Le gouvernement a tiré les leçons de 2003, estime Jean-Luc Bennahmias, membre du Conseil économique social et environnemental, ancien eurodéputé, et co-président de l’UDE. On nous a informé, réinformé, tant mieux. Car ces épisodes, on les vivra régulièrement, tout le monde le sait. Après, ce gouvernement fait beaucoup en paroles. Sur la canicule, c’est suffisant, sur le changement climatique, dans les actes, c’est plutôt ralenti. Le fait qu’on ne puisse plus avoir le même rapport à la voiture en ville qu’il y a 50 ans est une évidence. On verra très vite les dangers des épisodes de pollution maximale. La demande sociétale est extrêmement forte dans notre pays. Mais regardez ce qui s’est passé vendredi sur le pont Sully à Paris : on n’est peut-être pas obligé de bomber des militants pacifistes, comme des nuisibles".
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