Remplacer le congé parental par un "congé de naissance" plus court mais mieux rémunéré favoriserait l'égalité entre les femmes et les hommes, dans la sphère privée comme professionnelle, estime la ministre Aurore Bergé, qui souhaite concrétiser ce projet dès l'an prochain.
Annoncée l'an dernier par le président Emmanuel Macron, la mise en place du congé de naissance avait été suspendue à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale.
"Je souhaite évidemment qu'on avance", "nous allons continuer à travailler de manière, j'espère, à ce qu'il soit effectif l'année prochaine", a indiqué lundi à l'AFP la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé.
Ce congé de "quatre mois par parent", à prendre après le congé maternité ou paternité si souhaité, bénéficierait d'une "bien meilleure indemnisation" que le congé parental actuel, qui permet de toucher environ 400 euros mensuels.
Ce nouveau congé permettrait "d'éviter que la parentalité ne pèse que sur les femmes", qui sont bien plus nombreuses que les hommes à prendre un congé parental, a souligné la ministre.
Le projet doit faire l'objet de discussions avec les partenaires sociaux, avant de pouvoir éventuellement être intégré au prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Cette mesure, tout comme le service public de la petite enfance, tarde "à se concrétiser, a déploré lundi l'ONG Oxfam France, qui appelle le gouvernement à agir "d'urgence".
- Inégalités salariales persistantes -
Pour favoriser l'égalité économique au sein des couples, à partir de septembre, le gouvernement va "appliquer par défaut un taux individualisé pour le calcul de l'impôt sur le revenu", a également indiqué Aurore Bergé.
A l'heure actuelle, un taux moyen s'applique automatiquement, ce qui est désavantageux pour celui -- ou le plus souvent celle -- qui gagne moins. Pour bénéficier d'un taux individualisé, les contribuables doivent effectuer une démarche sur leur espace en ligne.
A noter, le revenu salarial moyen des femmes dans le privé est inférieur de 23,5% à celui des hommes, un écart qui s'explique en partie par un volume de travail moindre, selon la dernière étude de l'Insee sur le sujet.
Concernant cette différence salariale persistante, la Cour des Comptes estimait dans un récent rapport que le ministère du Travail devait "s'impliquer davantage" pour revaloriser les métiers majoritairement exercés par des femmes. Plus globalement, la Cour étrillait la politique en faveur de l'égalité menée par le gouvernement, qui peine selon elle à produire des "effets probants".
- Lutte contre les violences -
Pour œuvrer en faveur de l'égalité des hommes et des femmes, le gouvernement a lancé en 2023 un plan quinquennal, qui met l'accent sur plusieurs thématiques, dont le travail et la santé.
"La première cause de mortalité féminine, ce sont les maladies cardiovasculaires", rappelle à l'AFP Aurore Bergé qui souhaite lancer cette année "une campagne de sensibilisation, notamment vers les professionnels de santé". Le gouvernement travaille aussi sur un projet de "bus itinérants", dédiés à la prévention de maladies gynécologiques et cardiovasculaires, pour les zones où manquent les professionnels de santé.
Autre priorité de ce plan: la lutte contre les violences faites aux femmes.
Dans ce cadre, le gouvernement poursuit le déploiement des téléphones grave danger, qui permettent en cas de besoin d'alerter les forces de l'ordre via une touche spéciale: "près de 6.500" sont actuellement utilisés. Il fait de même pour les bracelets anti-rapprochements: 817 sont actifs.
Le gouvernement a également mis en place une aide universelle d'urgence, destinée aux victimes de violences conjugales qui quittent leur domicile. Depuis décembre 2023, 38.000 femmes en ont bénéficié.
Il avait également prévu de multiplier le nombre de Maisons des femmes, structures d'aide aux victimes de violences, afin qu'il y en ait une par département d'ici à 2027. A l'heure actuelle, une centaine ont été déployées dans 81 départements, a indiqué Aurore Bergé.
Par Vanessa CARRONNIER / Paris (AFP) / © 2025 AFP