Le sénateur Les Républicains François-Noël Buffet a été nommé samedi ministre des Outre-mer, en remplacement de Marie Guévenoux, dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Michel Barnier auquel il sera directement rattaché, a annoncé le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler.
Soutien de la première heure de l'ex-Premier ministre de droite François Fillon, ce poids lourd du Sénat se réclame d'un gaullisme social, sur une ligne jugée moins dure que celle de Bruno Retailleau, son chef de file à la Haute Assemblée qui a été nommé pour sa part à l'Intérieur.
Il avait déjà été maintes fois évoqué lors des précédents remaniements, fort d'un profil jugé plus "constructif" que nombre de collègues de la droite.
Mais François-Noël Buffet est resté attaché au Sénat, où il siège depuis 2004, et à son poste stratégique, qui l'a vu piloter nombre de dossiers clés, sur la sécurité et surtout l'immigration.
Il est notamment l'auteur d'un rapport respecté sur la simplification des procédures en matière migratoire, dans lequel Gérald Darmanin avait abondamment puisé pour son projet de loi immigration adopté dans la cohue fin 2023 et considérablement durci par la droite.
Il a aussi coordonné d'importantes missions de contrôle, sur les émeutes de juin 2023 comme sur les défaillances sécuritaires ayant entouré l'organisation de la finale de Ligue des champions au Stade de France fin mai 2022, un "fiasco inévitable" selon son rapport.
Avocat de profession et maire d'Oullins, en banlieue lyonnaise, de 1997 à 2017, François-Noël Buffet avait déjà travaillé étroitement avec le camp macroniste lors des élections municipales de 2020: il avait contracté une alliance avec l'ex-ministre Gérard Collomb contre les Verts, obtenant dans le "deal" de récupérer la présidence de la métropole... Un accord finalement insuffisant pour l'emporter, à Lyon comme à la collectivité.
En remplacement de la macroniste Marie Guévenoux, il récupère un portefeuille ultrasensible et émaillé d'urgences, en Nouvelle-Calédonie - où treize personnes sont mortes dans les violences depuis mai - mais aussi en Martinique - en proie aux tensions ces derniers jours -, en Guadeloupe - touchée par des grèves d'agents EDF - ou encore à Mayotte.
Des figures du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC), un collectif en pointe du mouvement contre la vie chère en Martinique, ont appris le nom du nouveau ministre lors d'une action de blocage de supermarchés dans l'est de l'île antillaise.
"Il faut laisser sa chance au produit", a ironisé Gwladys Roger, trésorière du collectif, interrogée par l'AFP. "A la moindre erreur, il sera sanctionné parce que nous en avons marre des ministres (...) qui ne connaissent rien à nos réalités." Elle a dit attendre "avec impatience" la venue de M. Buffet en Martinique: "Il y a urgence".
Dans l'île voisine de Guadeloupe, le secrétaire national aux Outre-mer du Parti socialiste Olivier Nicolas estime pour sa part que cette nomination "n'offre qu'une seule satisfaction": "la fin du rattachement de ce ministère au ministère de l'Intérieur qui, depuis le début du second quinquennat Macron en 2022, sonnait comme une relégation et une réduction des problématiques ultramarines aux questions d'ordre public".
Le PS guadeloupéen, dans un communiqué, dit attendre "une implication très forte du Premier ministre dans les lourds dossiers ultramarins qui figurent parmi les urgences politiques de la période".
fff-sde-ama-dfa-abo-mca/cal/cbn
AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP