Un jeune homme a été interpellé après la violente agression en pleine rue samedi du rabbin d'Orléans, qui a choqué la communauté juive et entraîné une vague de condamnations, avec une manifestation de soutien qui s'est tenue dimanche soir à Paris.
Samedi vers 13H30, le rabbin Arié Engelberg rentrait chez lui accompagné de son fils de neuf ans quand il a été agressé, a-t-il témoigné dimanche soir sur BFMTV.
Son agresseur lui a demandé s'il était juif. "J'ai répondu oui", a dit M. Engelberg. "il a commencé à dire +tous les Juifs sont des fils de...+", a poursuivi le rabbin, qui a raconté que son agresseur voulait le filmer avec son téléphone et l'insultait.
"J'ai décidé d'agir et j'ai poussé son téléphone", l'agresseur "a porté des coups, je me suis protégé", a raconté le rabbin.
Le suspect l'a ensuite mordu, a encore décrit M. Engelberg, qui a été secouru par plusieurs personnes.
"Grâce à Dieu, je vais bien, mon fils. Ça va de mieux en mieux. On a reçu énormément de soutien", a encore déclaré le rabbin d'Orléans.

Le président de la communauté juive d'Orléans, André Druon, le 23 mars 2025
JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP
Jusqu'à présent, la ville avait été plutôt épargnée par les actes antisémites, a expliqué dimanche le président de la communauté israélite de la ville, André Druon, depuis la synagogue où, hasard du calendrier, se tenait dimanche l'assemblée générale de la communauté.
"Depuis au moins le 7 octobre (2023, date de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, NDLR) nous n'avons pas eu à relever d'incident, si ce n'est quelques graffitis", jusqu'à cette "agression très violente d'un rabbin", a déploré M. Druon.
Arié Engelberg s'est adressé dimanche à sa communauté pour "raconter son agression", "très marqué" et "choqué" selon M. Druon.
- "Assez flou" -
Une enquête a été ouverte pour "violences volontaires commises en raison de l'appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion", a déclaré la procureure de la République d'Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren.
Un adolescent, soupçonné de l'agression, a été interpellé samedi soir, a-t-elle ajouté.

Vue le 23 mars 2025 de l'endroit où le rabbin d'Orléans a été agressé le 22 mars 2025, à Orléans
JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP
Toutefois, "l'identité de la personne gardée à vue n'est pas établie de manière certaine à ce stade et est en cours de vérification", a précisé la procureure.
Selon une source proche du dossier, le suspect, âgé de 16 ans et inconnu des services de renseignement, a été interpellé samedi vers 21H45 et placé en garde à vue.
"La garde à vue du suspect a été prolongée", a dit à l'AFP la procureure, sans plus de détails sur son identité, faisant savoir qu'elle communiquerait lundi "de manière complémentaire".
Il a été identifié par la victime et est connu sous au moins trois identités, une marocaine et deux palestiniennes, selon une autre source proche du dossier.
"Ce que nous a raconté notre rabbin, a priori ce serait une personne d'origine marocaine (...) venue de Marseille", "très jeune certainement pas mineur" et "qui s'est enfuie d'un centre de jeunesse", a rapporté André Druon. "c'est encore assez flou", a-t-il relevé.
Environ 300 personnes se sont rassemblées dimanche en fin de journée place de la Bastille à Paris au lendemain de cette agression à l'appel de l'Union des étudiants Juifs de France et de l'Union des lycéens juifs de France, a constaté l'AFP.
"C'est la énième manifestation pour tirer la sonnette d'alarme auprès du gouvernement et des Français sur l'état de l'antisémitisme", a déclaré Ethan Benaroche, étudiant, présent à la manifestation. "Même si je ne me sens pas en sécurité, ce n'est pas pour autant qu'on doit baisser la tête. On doit montrer qu'on peut très bien vivre en France en étant juif", a-t-il ajouté.

Une voiture de police devant la synagogue d'Orléans, le 23 mars 2025
JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP
Une marche silencieuse "en soutien au rabbin" et "contre l'antisémitisme" est également prévue mardi à 18H00 à Orléans, à l'appel de plusieurs associations juives locales.
Dimanche, le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé le "poison" de l'antisémitisme, en promettant de ne céder "ni au silence ni à l'inaction" face à cela.
Depuis l'étranger, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a appelé gouvernements européens et société civile "à agir" contre "la résurgence de l'antisémitisme en France et en Europe".
En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur.
Le Crif avait déploré en janvier un niveau "historique" de ces attaques pour la deuxième année consécutive, avec une "explosion" après le 7 octobre 2023.
Par Tom MASSON avec Laure FILLON à Rennes / Orléans (France) (AFP) / © 2025 AFP