Publié durant quelques heures un dessin qui a fait polémique a été publié dans la newsletter du Monde. Ce dessin humoristique de Xavier Gorce montre deux pingouins, ses personnages traditionnels, dont l'un dit: "Si j'ai été abusée par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?". Cela a suscité une flopée de réactions outragées:
- Il se moque des victimes de l’inceste
- C'est un amalgame entre l’inceste et les LGBT: Transphobie.
Voilà donc ce dessinateur très bien-pensant accusé d’être d’extrême droite.
Qu’un dessin énerve des gens, ce n’est pas une grande affaire
Non l’affaire, c’est que Le Monde l’a retiré avec une piteuse autocritique de la directrice de la rédaction. "Ce dessin n’aurait pas dû être publié. Peut être lu comme une relativisation de la gravité des faits d’inceste, en des termes déplacés vis-à-vis des victimes et des personnes transgenres". Et de rappeler les états de service du quotidien dans la lutte contre l’inceste et les discriminations. Au lieu d’invoquer la liberté d’expression, de dire "On est Charlie, on se moque de tout", Le Monde se couche devant la meute.
On peut comprendre que ce dessin ait choqué
Oui, comme l’a tweeté Gilles Clavreul, si un dessin de presse n’est pas discutable, c’est sans doute qu’il est de peu d’intérêt. Notre époque prétend aimer la subversion, la transgression, la provocation mais déploie en toute occasion un terrifiant esprit de sérieux et de censure qui veut interdire le second degré et l’humour noir. D’autres exemples de blagues à scandale existent. Les vœux de Frédérique Bel: Xavier Dupont de Ligonnes dit: "la famille surtout". Les vœux d'Éli Semoun qui se moquait des communautés susceptibles lui ont valu un torrent de boue.
Faut-il plaisanter sur un sujet aussi grave que l’inceste ?
C’est même recommandé. Cela a un rôle cathartique, conjuratoire, libérateur du rire. Il y a eu beaucoup de blagues juives sur les camps de concentration donc, oui, on doit pouvoir rire de l'inceste. Du reste, ce malheureux Xavier Gorce est victime d’un malentendu. Son dessin voulait se moquer de Finkielkraut. Tout le monde aurait applaudi.
Il faut renverser la formule de Desproges. A l’époque des réseaux sociaux, on rit avec n’importe qui mais seulement de certains sujets: Marine Le Pen, l’extrême droite, les réacs... cibles quotidiennes de France Inter. Je suis comme ces gens à qui ce dessin a fait rire. Et je suis ravie d’en faire partie. Ça prouve que je les gratouille. Et faire rire ses contemporains relève de la salubrité publique.