Ce vendredi, le regard libre d'Élisabeth Lévy évoque la tribune des ancien généraux qui alertent sur le débridement sécuritaire de notre pays.
Ce sont des généraux en retraite, il n'y a pas de chars dans Paris. Au gouvernement et dans la majorité, on devrait se sentir penaud. Toute la semaine, ont fait monter la sauce à coups de factieux, putschistes, irresponsables, déshonneur. Les éléments de langage ont circulé. Du dernier député au Premier Ministre, chacun y est allé de son couplet. C'est une déclaration grandiloquente.
La consigne : cogner sur Marine Le Pen. L’Elysée a fait fuiter le off jupitérien : "Le RN est toujours le FN ! Des années d’efforts pour faire croire que Marine Le Pen n’est pas son père et, en quelques heures, son vrai visage réapparaît : celui des milices et des putschistes !"
Ils veulent à la fois la diaboliser (mobiliser sur le thème la République en danger) et l’ériger en opposante principale (contre elle deuxième tour gagné). Ces cris et hurlements ont réussi à placer cette tribune au centre du débat : selon un sondage Harris/Interactive/LCI, 64 % des Français ont entendu parler du texte.
Et ils y sont plutôt favorables
On voulait qu’ils regardent le doigt (les généraux). Ce qui les inquiète, c’est la lune (le constat).
- 58 % soutiennent les signataires (17000 signatures) et 45 % à gauche.
- 73 % : la France se délite (LFI 69 %, PS 64%)
Trois quarts pensent qu’un certain antiracisme fabrique de la haine entre communautés. Même les Insoumis pensent que c'est une propagande sur le vivre-ensemble totalement inopérante.
Ils n’ont pas peur de l’armée, la moitié pensent même qu’elle devrait intervenir sans qu’on lui demande. Non, ils ont peur du désordre. 86 % pensent (observent) que les lois de la République ne s’appliquent pas dans certaines villes. (77 chez LFI/82 au PS). Il y a trois-quatre nuits d’émeute dans certaines cités et l’Etat semble avoir perdu le contrôle.
Au-delà des chiffres, il y a un sentiment largement partagé : c’est le fait que l’avenir de la France, son art de vivre est menacé. Les sanction des militaires ? Ce gouvernement est mou face au désordre et dur avec ceux qui le dénoncent. C'est l'occasion pour Macron d’être à la hauteur de dire "Je vous ai compris", de faire passer l’avenir du pays avant le sien. Au lieu de criminaliser l’inquiétude, il est urgent de lui répondre.