Ce lundi, Élisabeth Lévy revient sur la polémique d'une affiche d’EELV pour la campagne régionale, celle qui s’en prend aux personnes âgées, aux "boomers".
Cette campagne destinée à mobiliser les jeunes. "Les boomers, eux, iront voter", donc bougez-vous. L'image n’a rien de dégradante : des retraités heureux et en forme. L'indignation générale contre cette discrimination/stigmatisation, c’est de "l’âgisme".
Le pire qu’on puisse faire aux personnes âgées, puisqu’il ne faut pas dire vieux, c’est d’en faire le nouveau groupe discriminé et offensé, de les traiter comme des victimes dont il ne faut parler qu’en termes choisis. "L’âgisme" tient au fait que personne ne trouve que vieillir c’est génial. Il faut faire comme si ?
Il existe bien une classe d’âge que les sondeurs scrutent attentivement, car elle est, dit-on, la clef de l’élection présidentielle. Elle ne vote pas en bloc mais n’a pas les mêmes intérêts que les jeunes.
Le mot "boomer" a une connotation idéologique, négative. C'est l'inversion du rapport parents/enfants. Vous avez saccagé la planète. Greta Thunberg sermonne l’ONU et on applaudit. Chez les verts, le boomer est un jouisseur, macho, pollueur. C'est le monde d’avant, les résidus de l’histoire.
En tout cas Bayou a retiré la campagne.
Oui mais pas parce qu’il a changé d’idéologie, parce qu’il a eu peur du bad buzz. Mais il n’a pas, à ma connaissance, regretté les autres affiches beaucoup plus scandaleuses.
Les fachos, eux, vont voter. Traduction : si vous ne votez pas écolo, vous êtes un facho. Pire encore : Zemmour, Finkielkraut et Darmanin, eux aussi, "ont prévu d’aller voter". Le mal a un visage, en l’occurrence trois. Il n'y a pas besoin d’expliquer, c’est une évidence. La minute de la haine. Curieusement, pas grand-monde n’a tiqué. S’en prendre aux vieux, pardon aux anciens, c’est grave mais désigner nommément trois personnes à la vindicte populaire, ça passe.
Le plus amusant, c’est que Bayou se plante. À Paris, où le retraité fait du vélo et mange bio, représente un tiers du vote écolo. Pas sûr qu’il engrange chez les jeunes ce qu’il perd en insultant les boomers. Et si les Verts espèrent gagner la présidentielle avec le vote des jeunes gauchistes, on n’est pas près d’en voir un à l’Elysée. Et ça, c’est une bonne nouvelle.