Gérard Larcher affirme que la France devrait quitter la Convention européenne des Droits de l’Homme.
“Même” Gérard Larcher devrait-on dire. Réélu récemment pour la quatrième fois à la tête du Sénat, l’élu des Yvelines est un représentant de la droite dite humaniste, ce qui veut dire centriste, ce qui veut dire favorable à l’ouverture des frontières. Hier, dans l’émission Le Grand Jury, il a déploré que nous ne maîtrisions plus notre politique migratoire. Reprenant l’argumentation développée par Patrick Stefanini, ancien directeur de campagne de Fillon, dans une longue interview à Judith Waintraub du Figaro Magazine, le Républicain a fait un sort au lieu commun selon lequel il n’y a pas d’afflux migratoire. En réalité, il y a eu 270 000 titres de séjour légaux en 2019 (+ 6%) et plus de 300.000 bénéficiaires de l’Aide Médicale d’Etat. “Le flux excède nos capacités d’intégration et d’assimilation”, a dit Larcher, en citant une directrice d’école qui raconte que des pères refusent aujourd’hui de lui serrer la main.
Que propose-t-il ?
De redonner son sens véritable au droit d’asile, devenu une filière d’immigration clandestine. D’adapter l’immigration économique à nos besoins. Nous ne sommes plus dans les années 60 et 70 quand la croissance était à deux chiffres. Mais il évoque aussi la limitation du regroupement familial. Cela suppose de revenir sur l’adhésion de la France à la Convention européenne des droits de l’homme qui soumet de fait la France à la juridiction de la CEDH. En effet, l’Article 8 prévoit que chacun a droit au respect de la vie privée et familiale. Cela nous oblige à délivrer des titres de séjour à des gens qui n’ont aucune chance de s’intégrer, et cela rend les expulsions très difficiles. Bref, la CEDH entrave toute volonté de maîtrise des flux.
La sortie de la CEDH est-elle réaliste ?
Est-ce possible ? Oui. La France a parfaitement le droit de dénoncer un engagement international et pourrait réadhérer à la Convention avec des réserves. L’Allemagne, par exemple, impose une limite au regroupement familial.
Va-t-on le faire ? Pas sûr qu’on ait cette audace. Certes, que la bonne droite et nombre de macroniens tiennent des discours qu’ils qualifiaient hier de “populistes” montre que les lignes bougent. À cause du réel et peut-être aussi parce que tous les sondages montrent que les Français veulent arrêter ou réduire drastiquement l’immigration. Nombre de journalistes dénoncent déjà la surenchère électoraliste. C’est le moment pour dirigeants et ceux qui aspirent à l’être de savoir s’il est plus important de répondre aux attentes des Français ou de plaire aux médias.