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On n’avait pas bien compris les propos du président.
Encore une fois, on n’avait pas lu les clauses en petits caractères. Le président de la République l’avait bien dit, la fin de notre assignation à résidence serait progressive et conditionnelle mais on s’est laissé bercer par son ton quasi patelin.
Dès le lendemain matin, le “bad cop”, qui s’autoproclame avec fierté “ministre du confinement et de la verbalisation du délinquant promeneur” douche les enthousiasmes prématurés. Le 11 mai est un objectif, pas une certitude. “La condition, c’est la discipline”, martèle Christophe Castaner. Le confinement continue.
Et la rentrée des classes, on avait mal compris ?
Ou alors, il y a eu un changement de pied dans la nuit. Là encore, Emmanuel Macron avait dit « progressivement ». Toute la soirée, syndicats d’enseignants et de parents se sont étranglés d’indignation. Mardi matin sur France 2, Jean-Michel Blanquer précise qu’elle ne sera pas obligatoire. Alors, l’objectif n’est pas pédagogique mais économique. On lui a demandé d’ouvrir une grande garderie pour que les parents puissent retourner au boulot.
L’école facultative, une bien belle invention. Ce serait chouette d’inventer le travail facultatif. Selon un sondage d’Odoxa pour le Figaro, 84 % des Français sont favorables au confinement et 54 % se dressent contre la rentrée.
Donc le confinement n’est pas si pénible ?
En tout cas le message du gouvernement est bien passé. Depuis un mois, on nous engueule pour que nous restions chez nous, parce que le danger est partout. Résultat : beaucoup de gens ne veulent pas sortir ni envoyer leurs enfants en classe. Or, dans une partie de l’opinion, on entend monter une sale libido de plaintes et de procès pénaux. Que se passerait-il si un enfant tombait malade ? On chercherait un coupable.
Mais le gouvernement n’est pas responsable du virus. Oui, mais...
Certes, le président de la République a dit “je vous protègerai coûte que coûte”. Dit plus trivialement, l’Etat paiera. Et maintenant nous disons ”oui, surveillez-nous, enfermez-nous, mais protégez-nous”.
Or, l’Etat ne peut pas vous éviter la maladie, mais il peut en revanche :
- vous apprendre à l’éviter. Pour ce faire, récitez par cœur les “mesures barrières”.
- vous garantir que, si vous l’attrapez, vous serez soigné et placé en réanimation si besoin. Ce n’est pas folichon, mais ce n’est pas rien.
- et même grand luxe : participer à vos dépenses quelques semaines durant.
En revanche, l’Etat ne peut pas vivre et travailler à votre place. Nous ne sommes pas des enfants qu’on doit assister en tout. Alors en attendant le jour où nous boirons notre café au bistrot, obéissons au président et réinventons-nous. En adultes par exemple.