En exclusivité pour vous, visiteurs du site, voici le regard libre du jour de notre éditorialiste, Elisabeth Lévy.
Alors, est-il vraiment question de réouverture des églises et des restaurants à la mi-juin ?
Ne vous emballez pas. Pour le salut de votre âme, mi-juin est effectivement à l’étude. Et les grandes religions sont invitées à former un Conseil de la résilience, une sorte de cellule d’aide psychologique, métaphysique et œcuménique.
Pour les restaurants, la date du 15 juin n’est pour l’instant qu’une rumeur, un coup de pression car les restaurateurs sont plus qu’impatients de retrouver leurs clients. Pour beaucoup c’est une question de survie.
Dans une lettre ouverte au président de la République, hier dans Le Figaro, 18 grands chefs français demandaient un « déconfinement partiel de la restauration citoyenne responsable » et promettent en échange des pratiques vertueuses, faites de produits locaux et de mesures barrières. En attendant ces jours heureux, c’est l’ouverture d’un drive de Mac Donald’s en Seine et Marne qui a provoqué une file d’attente de plusieurs kilomètres.
En revanche, la rentrée des classes aura bien lieu même si les modalités sont encore floues.
S’agissant de l’école, la situation est inversée. C’est le gouvernement qui pousse et les syndicats de professeurs qui freinent des quatre fers et réclament des garanties.
Sur les réseaux sociaux, des professeurs se décrivent comme de la chair à canon, des sacrifiés à qui on ordonne de sortir des tranchées. Permettez moi de trouver cette comparaison un brin indécente.
Le plus grave étant qu’ils exigent un avis du Comité scientifique avant de reprendre le travail en classe (oui, ils travaillent). Or, si on s’en tenait à écouter le Comité scientifique, on serait chez nous pendant des mois et masqués le reste du temps. Mais surtout en s’adressant aux experts par-dessus la tête des autorités politiques, les professeurs sapent la légitimité de l’institution qu’ils représentent.
Tout de même, est-il légitime qu’ils s’inquiètent ?
Non. Je ne méconnais pas la difficulté ni la grandeur de leur mission : pas de garder les enfants, ni de régler les inégalités mais de transmettre des savoirs. Il est normal qu’ils réclament des protections : masques, tests et classes réduites. Personne ne parle de les renvoyer en classe comme si de rien n’était. Mais si les autorités politiques décident qu’ils doivent y aller, ils doivent y aller.
Le confinement n’est pas une option que chacun peut prolonger à sa guise en fonction de ses peurs. Les caissières, les livreurs les éboueurs, les chauffeurs, les artisans, les commerçants, eux aussi ont peur. Sans doute ont-ils encore plus peur du chômage ou de la ruine que du virus. Voilà pourquoi vous pourrez certainement dès le 11 mai retrouver votre coiffé-décoiffé.