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La ministre de la Transition écologique a dénoncé hier le développement anarchique des éoliennes
Est-ce la proximité des élections municipales ? Le pouvoir semble très réceptif à la colère qui souffle contre ces monstres vrombissants adorés par les technos et par les bobos.
Le 14 janvier, Macron observait à Pau : « Le consensus sur l’éolien est nettement en train de s’affaiblir dans notre pays. Il ne faut pas l’imposer d’en haut. » Et hier, Élisabeth Borne a dénoncé devant la commission des affaires économiques du Sénat le développement anarchique des éoliennes, parlant de « saturation visuelle, voire d’une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable. »
C’est paradoxal pour la ministre de l’Écologie ?
Non, ça c’est la propagande des industriels du secteur qui présentent les éoliennes comme l’énergie du futur, propre, innocente, pure qui va nous sauver du réchauffement climatique. Ce qui est paradoxal, c’est que les écolos défendent ces monstres techniques qui prétendent dompter les caprices du vent.
Même si on passe comme prévu de 8 000 à 14 500 en 2028, aucune chance qu’elles fournissent plus qu’un micro-appoint à notre consommation énergétique.
Surtout, les éoliennes sont un enfer sonore et esthétique. Et une catastrophe écologique. Plusieurs personnalités comme Alain Finkielkraut, Stéphane Bern et la philosophe Bérénice Levet recensent les nuisances dans une lettre au président de la République publiée dans Causeur. « Bétonnage des sols, matériaux non recyclables, redoutable mortalité des oiseaux, brouillage des ondes qui désoriente les chauves-souris, ronronnement continu, gabegie financière – les éoliennes ne vivant quasiment que de subventions publiques. » Cette pétition a recueilli des milliers de signatures. Egalement la une de VA.
Cette mobilisation n’est-elle pas excessive ?
Ce qui est excessif, ce sont les poules qui ne pondent plus, les vaches qui ne donnent plus de lait, les habitants qui ne dorment plus. Résultat, partout la résistance s’organise, 70 % des projets sont contestés. Pour le "pays réel" (si on m’autorise cet emprunt à Maurras et à Macron), les éoliennes font partie de la panoplie des nuisances inventées par la France des beaux quartiers pour pourrir la vie de la France des clochers. « Nous avons exilé la beauté, quand les Grecs faisaient la guerre pour elle », disait Albert Camus. La France qui fume des clopes et roule au diesel ne veut pas qu’on la défigure. Emmanuel Macron a aussi promis d’engager une « politique nouvelle d’aménagement de nos paysages, de redécouverte du beau".
L’écologie l’a oublié mais la beauté de nos paysages fait partie de notre bien commun. Quant au vent, n’en déplaise à ceux qui veulent le rentabiliser, il restera indomptable et fripon.