Ce mardi, Élisabeth Lévy est revenue sur l’abstention, qui a atteint un niveau inédit dimanche lors du premier tour des élections régionales et départementales.
Je reviens plus précisément sur la flopée de commentaires alarmistes et le battage de coulpe général qu’elle a suscités. Lundi, les éditorialistes ont sorti les mots du dimanche: désengagement, essoufflement, désenchantement sécession. La grève des urnes serait le symptôme d’une grave crise de notre démocratie.
Il y a diverses explications à cette démobilisation particulièrement marquée chez les jeunes : les listes ne sont pas représentatives, la classe politique est déconnectée, les professions de foi ne sont pas arrivées (comme si les jeunes avaient besoin de ces papiers pour s’informer).
Le point commun à tout ça : elles mettent en cause le système politique, les institutions, les élus, les partis. En somme, le problème viendrait d’une offre politique inadaptée.
Ce n’est pas votre avis ?
Je ne dis pas que le système est parfait. Mais si la démocratie est en danger, ça ne semblait pas affecter gravement tous ceux qui faisaient la fête hier soir. Surtout, on oublie deux acteurs
D’abord, peut-être que les médias, au lieu de rivaliser dans la lamentation, ils devraient s’interroger sur leurs responsabilités. Observant que ces élections ennuyaient les électeurs et téléspectateurs, on en a surtout parlé à travers le prisme des manigances politiques. Le "pas de deux" de Renaud Muselier avec les macronistes, ou la campagne multiministérielle contre Xavier Bertrand dans les Hauts de France, c’était plus rigolo que l’entretien des lycées.
Surtout, les premiers responsables de l’abstention, ce sont les abstentionnistes. Les électeurs ne sont pas des enfants, ils ont choisi de ne pas aller voter. Peut-être moins pour exprimer la défiance/colère/désespoir qu’on leur prête que parce que la composition des conseils régionaux et départementaux leur a semblé moins importante qu’une journée à la plage.
L'explication est donc peut-être à chercher du côté de l’individualisme, voire de l’égoïsme des électeurs. Le politologue Luc Rouban pointe dans l’Express l’incapacité des mécanismes démocratiques à changer la vie concrète des gens. En somme, on va voter pour résoudre ses petits problèmes. Si crise démocratique il y a, elle ne vient pas seulement des gouvernants mais de gouvernés qui ne s’intéressent qu’à ce que leur pays peut faire pour eux