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Le regard libre d'Élisabeth Lévy sur la question des frontières qui crée des tensions entre la France et l’Allemagne

La question des frontières crée des tensions entre la France et l’Allemagne.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

La question des frontières crée des tensions entre la France et l’Allemagne

Les protestations françaises n’ont pas fait plier l’Allemagne. La Moselle classée "Zone à haut risque"  est affectée par les variants. Dès mardi minuit, toute personne voulant franchir la frontière devra faire une déclaration et présenter un test négatif de moins de 48 heures, sans aucune exception. Les 16.000 frontaliers français auront donc droit tous les deux jours à l’écouvillon dans le nez.  

À Paris, on regrette mais on se félicite d’avoir obtenu quelques aménagements. Il n'y aura pas de tests quotidiens et pas de rétablissement des douanes aux frontières comme avec la Tchéquie et l’Autriche, d’où le mécontentement du chancelier autrichien. Les contrôles aléatoires, ce n'est pas pour faire plaisir aux Français, parce que les Lander concernés ne l’ont pas demandé. 

L’Allemagne a-t-elle raison ? 

Au plan sanitaire, je n'ai pas d’opinion mais ça semble de bon sens. L’Allemagne impose des restrictions drastiques sur son sol (même les écoles sont fermées), il serait étrange qu’elle laisse les frontaliers baguenauder quand l’épidémie flambe en Moselle. Politiquement, elle prend les mesures qui lui semblent justes pour protéger ses ressortissants (et résidents). Elle agit en État souverain et en puissance. Elle se fiche des récriminations de la Commission qui s’inquiète de voir la libre circulation bafouée. 

La France aussi voulait protéger ses ressortissants. 

C'est vrai. Mais la France n’est pas maîtresse des frontières allemandes. Et elle n’a jamais voulu fermer la sienne. Constante : realpolitik allemande c'est la naïveté française. Les Français raffolent du couple franco-allemand qui fait rigoler outre-Rhin. cela s’explique par le logiciel idéologique d’une grande partie de la classe politique. Pas seulement européiste mais aussi post-national. 

Pouvez-vous préciser ? 

C'est uàne sorte d’illusion lyrique, de croyance en l’amitié entre les Etats. "L’Etat est le plus froid des monstres froids" disait Nietzsche. Les relations internationales régies par les intérêts et rapports de force. Cela n’exclut pas les intérêts communs, les liens entre les individus ni l’existence d’une civilisation européenne. 

Mais il n’existe pas de communauté politique européenne, pas de peuple européen. Le Parlement français ne vote pas l’impôt pour les Allemands. Les nations restent le premier cadre non seulement de la démocratie mais de l’appartenance politique. Le problème n’est pas que l’Allemagne défende ses intérêts nationaux mais que la France ne le fasse pas. Je me demande si ce couple ne cache pas une sorte d’emprise.

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