Le Huffpost a publié hier la liste des 318 héros que la France veut honorer. Élisabeth Lévy revient ce jeudi matin sur cette volonté d'Emmanuel Macron.
C'est un promesse de Macron à Brut en décembre: établir une liste de 300 à 500 personnalités issues de la diversité pour renouveler les noms de rues.
Un comité dirigé par Pascal Blanchard s’est collé à cet exercice de comptage ethnique et a pondu cette liste foutraque. Il y en a pour tout le monde: noirs, arabes, juifs, mais aussi vietnamiens italiens, espagnols, et pour presque tous les goûts: l’extrémiste anticolonial Franz Fanon cohabite avec Facrou Housseini, mort pour la France en 2011. Dalida côtoie Pape Diouf, Aimé Césaire, Coluche.
Est-ce choquant qu’on les honore ?
Pour certains, un peu, car ils étaient des ennemis de la France mais ma sensibilité ne saurait être le critère de la nation.
Ce qui est choquant c’est qu’on ne les honore pas pour ce qu’ils ont fait mais pour ce qu’ils sont, dans le sens étroit, biologique du terme. Césaire et Zola n’y figurent pas pour leur oeuvre mais parce qu’ils sont respectivement noir et descendant d’Italiens. Chacun est assigné à son origine. Raphaël Elize, est le premier maire noir de l’Hexagone. Gravera-t-on sur sa plaque "Noir pour la France" ?
Mais il faut que la jeunesse immigrée puisse s’identifier à des héros…
D’abord, les rues ne doivent pas me parler de moi mais de mon pays. Surtout, on décrète qu’un jeune de banlieue ne pourrait pas s’identifier à Jean Moulin. Faut-il être corse pour se prendre pour Napoléon et noir pour se fantasmer en Mbappé ? On ne serait représenté que par des gens de son groupe ethnico-culturel et de son sexe. Ce saucissonnage identitaire est le crédo de la société multiculturelle.
Est-ce si grave ?
Oui, doublement. Derrière cette initiative, il y a une idée totalement fausse: nous sommes tous des immigrés. Le seul groupe qui n’a aucune identité : le Français de souche. "Cela n’existe pas" disait Hollande. Merci pour eux. En conséquence, pas de culture majoritaire offerte aux nouveaux arrivants. La France est un open-space.
Macron glose à l’envi sur les Valeurs de la République, mais abandonne l’universalisme républicain. Il faut donc d’urgence remplacer l’article 1er de la Constitution : "La France est une République indivisible" par "la France est une mosaïque de communautés susceptibles". Donc, qu’elle a cessé d’être une République.