Retrouvez le regard libre d'Elisabeth Lévy chaque matin sur sudradio.fr.
Le gouvernement semble être en train de changer de position sur le tracking...
Autant dire que, comme sur les masques, il prend un virage à 180 degrés. Qui sème un certain trouble dans la majorité.
Pour rappel, le traçage est “la possibilité de suivre vos déplacements et vos rencontres grâce à la géolocalisation de vos téléphones.”
Le 26 mars, sur France 2, Christophe Castaner estimait que “le traçage n’est pas dans la culture française”. La vidéo affiche “non disponible”.
Le 1er avril, Edouard Philippe déclarait devant la mission d’information de l’AN.
Nous n’avons pas d’instrument légal et nous ne travaillons pas sur un instrument légal qui rendrait ce tracking obligatoire. La question pourrait être posée de son organisation sur une base volontaire ».
Mardi soir avril, sur France 2, le ministre de l’Intérieur était encore interrogé sur ces mesures.
Si elles permettent de lutter contre le virus et, si elles respectent nos libertés publiques, elles pourraient être soutenues par l’ensemble des Français. La référence au volontariat et à l’anonymat des données a disparu.
Mais tous les médecins le disent, le traçage pourrait faciliter le déconfinement ?
C’est le marché. Acceptez d’être surveillés et on relâchera la pression.
D’abord, il y a un fond religieux dans ce discours psalmodié par un clergé en blouses blanches. Nous avons maltraité les médecins (c’est vrai), nous devons faire pénitence et leur obéir. Si le Conseil d’Etat les avait écoutés, on aurait fermé EDF.
Ensuite, soyons conscients de l’enjeu. Dans sa version dure, le traçage signifie la fin du secret médical. On doit savoir qui est malade. Pour être protégé contre la maladie, accepterez-vous que votre inspecteur des impôts et vos voisins connaissent votre état de santé ?
Bien sur, ce sont des mesures provisoires. Mais ce provisoire peut devenir une habitude : des épidémies, il y en aura d’autres.
Cependant, Castaner a raison, les Français le demandent ?
Oui, de même que beaucoup approuvent ou réclament un durcissement du confinement. Quand leur santé est en jeu, les Français semblent peu regardants sur leurs libertés individuelles. Du reste, ils donnent volontiers leurs données aux entreprises qui se disputent leur Temps de cerveau.
Les donner à l’Etat ce n’est pas pareil. Si demain, nous devons lutter contre une MST du type sida, vous rechignerez à laisser l’Etat se mêler de notre sexualité. Et si on vous annonce que pour échapper au COVID, nous serons confinés à vie, vous accepterez un certain risque. Il ne s’agit pas de refuser la moindre restriction à nos libertés, mais de fixer une limite au-delà de laquelle nous préférerons être libres et malades plutôt que bien-portants et couchés.