Avec le lancement hier du Service National Universel, 2.000 jeunes de 16 ans, garçons et filles, testent ce nouveau dispositif qui, dans l’esprit, rappelle le Service Militaire. Mais cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron est-elle bien utile ?
Le Canada Dry du service militaire
"Le Service National Universel a le goût du service militaire, légèrement l’apparence du service militaire, mais ce n’est pas un service militaire, estime Véronique Jacquier. Même en esprit : trop Canada dry, trop light". Comment cela fonctionne-t-il ? Les jeunes passent douze jours ensemble, au cours d’un stage de cohésion dans des internats ou des centres de vacances. On leur remet un paquetage, ils se lèvent à 7 h, participent à la levée du drapeau à 8 h, chantent la Marseillaise et portent un uniforme. "Voilà où s’arrête la comparaison avec l’armée. Pour le reste, ils suivent des enseignements sur le développement durable ou les valeurs de la République. Et chaque soir, ils ont droit à un cours sur les discriminations liées à l’orientation sexuelle, le handicap ou la radicalisation. Moi, j’appelle cela du bourrage de crâne assez orienté".
Point positif pour les jeunes : ils sortent tout de même de ce SNU avec une formation premier secours. Ils peuvent constituer une réserve nationale. Point positif pour le gouvernement : il teste les 2.000 adolescents : test d’illettrisme et d’absence de connaissance informatique. Important pour connaître le niveau d’une tranche d’âge comme du temps de l’armée. Alors, ce Service Nationale Universel est-il utile ? "Non, estime Véronique Jacquier. Douze jours, c’est trop court pour transmettre aux jeunes de véritables valeurs".
Pourra-t-on être réformé ?
Car le fond du sujet est là : du temps du service militaire, l’armée transmettait ses valeurs : goût du dépassement, service des autres, fraternité, autorité… Par ailleurs, ce service national universel va coûter une fortune : un milliard et demi d’euros pour 800.000 jeunes par an à terme. "Un investissement colossal pour un stage de cohésion suivi de deux semaines de service volontaire dans une association", juge Véronique Jacquier. .
Les 2.000 qui ont commencé hier sont volontaires. Mais attention : « on ne pourra pas être réformé », affirme Gabriel Attal, secrétaire d’État chargé de ce Service National Universel. Ce n’est pas vrai : il y aura des dérogations pour les jeunes filles déjà mères de famille, certains adolescents en situation de handicap et les Français vivant à l’étranger. "Du temps du service militaire, 10% des jeunes arrivaient à se faire exempter pour raisons médicales et sociales, et à l’époque, ils échappaient à un an de service ! Parions que tous ceux qui ne sont guère enthousiastes pour une pseudo préparation militaire trouveront le moyen de se défiler".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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