Dans quelles conditions le terroriste de Conflans a-t-il préparé et réalisé son raid meurtrier ? Peut-on parler d'une attaque terroriste planifiée et organisée ?
Une reconnaissance pour les derniers mètres
"Il faut être prudent, les enquêteurs travaillent, estime Alain Rodier, directeur de recherche auprès du Centre de recherche sur le renseignement, chargé d’étude du terrorisme et de la criminalité organisée. Nous aurons des réponses dans les jours et semaines à venir. Je n’ai pas accès aux informations classifiées, mais cela laisse vraiment à penser que c’était au moins une affaire organisée, programmée dans le temps. Le professeur faisait déjà l’objet d’une campagne de haine lancée par d’autres."
"Cet activiste a pris le train en route puis a organisé son affaire. Il habitait Évreux, il a fallu qu’il vienne. L’une des personnes qui l’a transporté est d’ailleurs en garde à vue. Était-elle au courant de ce qui allait se passer ?", s’interroge l’expert. "À son âge et dans sa position, avoir une grosse somme d’argent sur lui n’était pas non plus facile. Cela dit, il ne connaissait pas le professeur avant de rejoindre le lycée, puisqu’il a dû faire cette reconnaissance des derniers mètres en soudoyant des élèves."
Ne pas tirer de leçons d'un cas unique
Constate-t-on des dérives au sein de la communauté tchétchène en France ? "Il faut rappeler qu’il y a eu deux guerres où les islamistes étaient très engagés, rappelle Alain Rodier. Des combattants étrangers étaient venus aider, des maghrébins vivant en France étaient partis là-bas ou bien avaient essayé de partir. Mais la guerre en Tchétchénie, c’était une guerre islamo-nationaliste. Ils se servaient de l’islam comme prétexte, mais l’objectif était d’obtenir l’indépendance par rapport à Moscou. Moscou a gagné, et un certain nombre ont migré."
"Les Tchétchènes étaient surtout réputés pour prendre une place dans le domaine du crime organisé, plus que dans le domaine religieux, estime toutefois le directeur de recherche auprès du Centre de recherche sur le renseignement, chargé d’étude du terrorisme et de la criminalité organisée. La génération arrivée dans les années 1990 ne s’est pas livrée à un prosélytisme important. Il ne faut pas tirer de leçons d’un cas unique. C’est un jeune de la nouvelle génération. Il existe une sorte de défi aux générations précédentes, un phénomène déjà rencontré dans les milieux maghrébins : on remet en cause l’autorité paternelle en allant plus loin."
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