Le vaccin contre la grippe est-il vraiment efficace ? L’an dernier, la fameuse petite piqûre a en effet eu des résultats plus que mitigés, puisqu’elle n’aurait protégé que de 20 à 30% des vaccinés selon des chiffres publiés par l’Académie américaine des sciences. Au micro de Sud Radio, Pascal Charbonnel, médecin généraliste et membre de la fédération des médecins de France, explique cette situation. "Le vaccin a été relativement moins efficace l’an dernier, ce qu’on ne peut savoir qu’a posteriori et pas au moment où on le fabrique. L’épidémie de grippe est en ce moment dans l’hémisphère sud et arrive progressivement dans l’hémisphère nord. On se base donc sur les souches vaccinales de l’hémisphère sud pour fabriquer le vaccin. S’il y a une variation entre les souches servant à fabriquer le vaccin et les autres, on peut effectivement avoir une moindre efficacité", assure-t-il.
"Ce n’est pas parce qu’un vaccin est peu efficace qu’il ne faut pas le faire"
S’il reconnaît une efficacité moindre l’an passé, Pascal Charbonnel appelle tout de même à se vacciner contre la grippe cette année, surtout les populations fragiles. "Ce n’est pas le même vaccin que l’an passé, il y a une petite modification des souches, mais la question ne doit pas se poser comme ça. On sait que de toutes manières, l’efficacité du vaccin contre la grippe est relativement limitée (entre 10-15% pour les personnes les moins réactives, et jusqu’à 50%). Mais ce n’est pas parce qu’un vaccin est peu efficace qu’il ne faut pas le faire. Il faut le faire chez les personnes fragilisées, sensibles, celles à qui cela procure quoi qu’il en soit une immunité et une protection supplémentaire. On a trop longtemps vécu avec l’illusion que ça protégeait de tout. On sait maintenant que ce n’est pas vrai et que l’efficacité est variable, mais ce n’est pas parce que l’efficacité est moindre qu’il ne faut pas le faire", plaide-t-il.
"Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain"
"Par ailleurs, c’est un vaccin inoffensif, contrairement à ce qu’on entend de temps en temps. Et 30% de protection en plus pour une personne âgée ou un malade, c’est très important. Ce n’est pas parce qu’on ose enfin dire que le vaccin n’est finalement pas aussi efficace qu’on ne le pensait du temps de la toute-puissance vaccinale qu’il faut pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Je vous rassure : je n’ai aucun lien avec l’industrie de la santé et les fabricants de vaccin. Je réagis simplement en tant que médecin généraliste. Plus mes patients sont protégés contre les maladies, mieux je me porte et plus j’aurai de chances de passer un hiver relativement tranquille ! Que l’on garde dans la tête que ces vaccins sont utiles, même s’ils ne sont pas optimaux", ajoute-t-il.
Retrouvez en podcast l’interview de Pascal Charbonnel sur Sud Radio