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Lecture : "On sort de décennies d’apprentissage passé par les idées les plus stupides"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que Jean-Michel Blanquer a annoncé la prochaine mise en place d’une dictée quotidienne pour remédier au niveau déclinant des élèves français en lecture, Jean-Rémi Girard, vice-président du Snalc (Syndicat National des Lycées et Collèges), était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio.

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La dernière enquête Pirls (enquête internationale menée dans 50 pays et centrée sur l’éducation) est formelle : la France arrive en dernière position en Europe (34ème au total) dans ce classement. Dans le viseur du ministre de l’Éducation national Jean-Michel Blanquer figure notamment la baisse de niveau des élèves français en lecture. Un déclin qu’il compte bien combler en mettant en place une dictée quotidienne à l’école, comme il l’a annoncé. Président du Snalc (Syndicat National des Lycées et Collèges), Jean-Rémi Girard était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio pour réagir à cette actualité.

"C’était une idée de Najat Vallaud-Belkacem, qui avait beaucoup communiqué là-dessus sans la mettre en œuvre. Jean-Michel Blanquer reprend donc cette idée, qui n’est pas une mauvaise idée. Une fois encore, au primaire, il s’agit surtout de faire des dictées de syllabes, de mots, puis ensuite de phrases. De façon régulière, c’est très utile. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga non plus, ce n’est pas seulement ça qui va résoudre les problèmes des élèves français en lecture. Mais ça peut aider, oui", rappelle-t-il d’emblée.

"Des méthodes qui ne respectaient pas les fondamentaux de l’apprentissage de la lecture"

Selon lui, cette baisse de niveau en lecture s’explique par plusieurs choses. "Comme on dit dans notre jargon, c’est multi-factoriel. Mais il y a des facteurs beaucoup plus importants que d’autres. Effectivement, il y a une baisse – et l’enquête Pirls le montre – de ce que font les parents en matière de lecture, mais ce n’est pas propre à la France ! Ça concerne plus de 30 pays. Il y a donc autre chose. Chez nous, on sort de décennies d’apprentissage de la lecture à l’école passé par les idées les plus stupides qui soient, où on vous expliquait que lire, c’était donner du sens, que le déchiffrage brimait l’élève et lui faisait faire quelque chose qui n’avait pas de sens. On s’est donc retrouvés avec des élèves qui n’ont pas automatisé le déchiffrage. Et quand on ne déchiffre pas, on ne comprend pas", explique-t-il.

Pour Jean-Rémi Girard, les bases historiques de l’apprentissage de la lecture n’étaient plus respectées. "Ce n’est pas la méthode globale pure qui était appliquée, mais des méthodes semi-globales qui mélangeaient les deux façons d’apprendre à lire (en fait, il n’y en a qu’une seule qui fonctionne, dans les deux...) et qui ne respectaient pas les fondamentaux de l’apprentissage de la lecture. On faisait beaucoup trop de reconnaissance directe des mots et pas du tout assez d’apprentissage régulier et progressif du code, de la syllabe, pour aller vers le mot. Tout ce travail répétitif peut paraître ennuyeux, mais il ne l’est pas parce qu’il est très rapidement couronné de succès chez les enfants", assure-t-il.

Retrouvez ici en podcast toute l’interview de Jean-Rémi Girard dans le grand journal de Sud Radio

 

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