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L'édito politique de Natacha Polony - "Laisser aux personnes âgées suffisamment de libre-arbitre"

Nombre d'infectiologues - et même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen - conseillent à Emmanuel Macron de confiner plus longtemps les personnes âgées. Mais n'est-ce pas discriminant ? L'isolement de celles-ci n'est -il pas plus dangereux que le coronavirus ?

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne, tous les vendredis dans le Grand Matin Sud Radio.

Retrouvez l'édito politique de Natacha Polony chaque vendredi à 7h20 sur sudradio.fr.

Tout le monde a retenu la date du 11 mai dans le discours d’Emmanuel Macron. Le 11 mai, la date à laquelle nous pourrons sortir de chez nous. Mais est-ce que ce sera vrai pour tout le monde ?

On a tous entendu la prudence du Président, l’idée que le 11 mai n’est qu’un début. Mais il y en a pour qui ça risque d’être beaucoup plus long. Emmanuel Macron a évoqué les « personnes âgées ». Et ça fait écho à des propos de différents infectiologues, et même d’Ursula Van Der Leyen, la patronne de la commission européenne, qui expliquait il y a quelques jours que les personnes âgées devraient limiter leurs contacts avec les autres jusqu’à la fin de l’année 2020. Immédiatement, de très nombreuses personnes âgées de plus de 70 ans ont réagi. Elles protestent sur les réseaux sociaux, menacent de lancer des pétitions... Et on les comprends.

Pourquoi ? Les plus de 70 ans sont quand même particulièrement à risque. Il faut bien éviter qu’ils soient contaminés avant qu’on ne trouve un vaccin

Sauf qu’un vaccin risque de se faire attendre. Et là, on est en train d’expliquer à des centaines de milliers de personnes qu’elles sont vieilles, fragiles et qu’on va les protéger, quitte à les mettre sous cloche. Or, il y a une différence majeure entre les vieillards dépendants qu’on a laissé mourir dans des Ehpad par inconscience, par négligence, par manque de moyens et des gens de 70-75 ans, qui se sentent en pleine forme, qui sont extrêmement actifs dans la société, d’autant plus qu’ils ont plus de pouvoir d’achat que beaucoup de jeunes. Tout à coup, la génération du baby-boom, cette génération qui a été la première à glorifier la jeunesse éternelle, découvre qu’elle a basculé. Les baby-boomers sont considérés comme des vieux. Et ils se sentent discriminés, eux qui sont par excellence les chantres de l’individualisme, de la liberté individuelle.

Alors on fait quoi ? On renonce à protéger, on déconfine tout le monde ?

En fait, ça va être une décision extrêmement difficile. D’autant que l’isolement des personnes âgées peut avoir des conséquences psychologiques tout aussi dangereuses que le coronavirus. Si les plus âgés ont l’impression qu’on veut les enfermer pour s’éviter un engorgement des urgences, ils refuseront les mesures de confinement. Il faut donc laisser suffisamment de part au libre-arbitre. Considérer qu’ils sont des citoyens à part entière, capable de juger de la manière de se protéger. Et si l’État veut que les mesures soient acceptées, il faut qu’elles s’accompagnent de masques, de tests, de tout ce qui permettra de juguler l’épidémie sans réenfermer tout le monde. Emmanuel Macron devrait le comprendre, parce qu’il doit avoir en tête qu’il s’agit de son électorat

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