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Législatives: la gauche s'unit derrière son programme, Bardella en fait son "principal adversaire"

Abrogation de la réforme des retraites, Smic à 1.600 euros, lutte contre l'antisémitisme... La gauche a dévoilé vendredi son programme commun sous la bannière du "Nouveau Front populaire", érigé par Jordan Bardella comme son "principal adversaire" aux législatives anticipées, loin des fractures des Républicains.

Sebastien Salom-Gomis - AFP/Archives

Abrogation de la réforme des retraites, Smic à 1.600 euros, lutte contre l'antisémitisme... La gauche a dévoilé vendredi son programme commun sous la bannière du "Nouveau Front populaire", érigé par Jordan Bardella comme son "principal adversaire" aux législatives anticipées, loin des fractures des Républicains.

Lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet, "ce sera soit l'extrême droite, soit nous", a lancé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, lors d'une conférence de presse avec l'ensemble des principaux partis de gauche, des Insoumis à Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann.

Ce même duel a été scénarisé dans la foulée par le grand vainqueur des élections européennes Jordan Bardella. En campagne dans le Loiret, le président du Rassemblement national a estimé que seules "deux formations politiques" pourront "composer un gouvernement": la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche constituée en quelques jours à peine.

"La République est en danger face à ces ingénieurs du chaos qui prônent la division", a lancé le chef du parti à la flamme, dans les starting-blocks pour Matignon à 28 ans seulement.

A Paris un peu plus tôt, la gauche s'était affichée unie sur une photo de famille, de Place publique aux insoumis en passant par le Parti socialiste. Le "contrat de législature" du Nouveau Front populaire propose "une rupture totale avec la politique d'Emmanuel Macron", a assuré le coordinateur de LFI Manuel Bompard.

"Quand l'essentiel est en jeu, nous sommes là", s'est félicité le patron du PS Olivier Faure qui a largement fait valider l'accord par son Conseil national dans la matinée, avec seulement huit oppositions sur environ 300 membres.

- Engagements sur l'antisémitisme -

Le texte cosigné prévoit l'abrogation de la réforme des retraites, celle de l'assurance chômage et la loi immigration, l'indexation des salaires sur l'inflation, l'établissement d'un impôt sur la fortune "renforcé avec un volet climatique" et la généralisation de "la taxation des superprofits au niveau européen". L'augmentation du Smic à 1.600 euros net (1.398,69 euros actuellement) a également été actée.

Sujet hautement sensible à gauche, la nouvelle coalition condamne "les massacres terroristes du Hamas" commis le 7 octobre en Israël et reconnaît une "explosion inquiétante sans précédent" des "actes racistes, antisémites et islamophobes".

D'autres sujets de désaccord persistant sont laissés de côté, tels le nucléaire et l'OTAN.

Et la question épineuse de l'incarnation à Matignon en cas de victoire n'est pour le moment pas tranchée, même si les noms de Jean-Luc Mélenchon, de l'ancien syndicaliste Laurent Berger, de l'Insoumis François Ruffin ou des socialistes Valérie Rabault et Boris Vallaud ont circulé.

Cette union est "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives, a fait valoir sur France Inter M. Glucksmann. Le vainqueur à gauche des européennes (13,83%) s'est toutefois fermement opposé à l'hypothèse d'un Jean-Luc Mélenchon chef du gouvernement.

Les partis sont convenus que celui qui aura le plus de députés proposera un candidat, ce qui avantage a priori LFI, présent dans 229 circonscriptions, contre 175 pour PS, 92 pour les Ecologistes et 50 pour le PCF.

- "Gouvernement d'union nationale" -

A droite, après avoir exclu mercredi leur président Eric Ciotti, les membres du bureau national de LR se sont à nouveau réunis en visio tôt vendredi pour "valider" cette décision.

Le tribunal de Paris doit rendre vendredi vers 19H00 une décision sur la validité de la procédure, après une audience en référé tenue dans la matinée, parfois confuse lorsque plusieurs avocats se sont revendiqués comme seul représentant légitime du parti.

Le chef du parti d'opposition de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti (c), quitte le siège du parti, à Paris, le 13 juin 2024

Le chef du parti d'opposition de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti (c), quitte le siège du parti, à Paris, le 13 juin 2024

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Jordan Bardella assure lui que son parti présentera "un candidat commun" avec LR "dans 70 circonscriptions".

Il faudra s'attendre à "un certain nombre de surprises dimanche" lors du dépôt des listes, a prévenu Mme Le Pen lors d'un déplacement dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). "Nous avons la possibilité de gagner ces élections et de faire un gouvernement d'union nationale", a-t-elle insisté.

M. Bardella a par ailleurs appelé les formations politiques à prôner "l'apaisement" et à ne pas "refuser le résultat des urnes" à la veille d'un week-end de manifestations contre l'extrême droite organisées à l'appel de syndicats et de partis politiques.

Au même moment, Squeezie, deuxième YouTubeur le plus suivi en France (19 millions d'abonnés), a mis en garde contre "une montée drastique de l'extrême droite" et appelé "les jeunes qui (l)e suivent" à voter aux législatives, dans un message publié sur Instagram.

Le Premier ministre Gabriel Attal à Boulogne-sur-Mer le 13 juin 2024

Le Premier ministre Gabriel Attal à Boulogne-sur-Mer le 13 juin 2024

DENIS CHARLET - AFP

- "Accords de boutique" -

Face à l'orchestration du duel des gauches et des droites, le Premier ministre Gabriel Attal a dénoncé en Loire-Atlantique "des accords de boutique".

Parfois coupé par des militants de gauche qui scandaient "Assez des 49.3", il a dit préférer se concentrer sur le pouvoir d'achat ou la sécurité, sujets sur lesquels il entend "aller beaucoup plus fort" durant la campagne.

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse lors du sommet du G7 à Fasano, dans le sud de l'Italie, le 13 juin 2024

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse lors du sommet du G7 à Fasano, dans le sud de l'Italie, le 13 juin 2024

Ludovic MARIN - AFP

Le chef du gouvernement a par ailleurs conclu, ainsi que d'autres candidats macronistes dans les Hauts-de-Seine, un pacte de non-agression avec des candidats LR pour ne pas se présenter les uns contre les autres dans ce département de l'ouest de Paris, selon des sources concordantes au sein des partis concernés.

D'ici à dimanche, date limite du dépôt des candidatures, les partis finalisent leurs castings.

Les Ecologistes ont notamment investi Dominique Voynet dans le Doubs et les ex-eurodéputés Pierre Larrouturou (Essonne) et Benoit Biteau (Charente-Maritime). La tête de liste communiste aux européennes Léon Deffontaines sera candidate dans la Somme, comme l'adjoint socialiste à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire dans la circonscription parisienne de l'ex-ministre Clément Beaune.

Horizons, le mouvement d'Edouard Philippe, a pour sa part investi l'ancien député Thomas Mesnier (Charente), battu sur le fil lors d'une législative partielle en 2023, l'ancienne secrétaire d'Etat à la biodiversité Bérangère Abba (Haute-Marne) ou le maire de Vesoul Alain Chrétien.

bur-adc-gbh-ama-caz/pab/or

Par Cécile AZZARO, Antoine MAIGNAN / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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