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L'Eglise fait le point sur sa lutte contre les violences sexuelles

Trois ans et demi après le séisme du rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l'Eglise catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) a donné lundi à Lourdes le coup d'envoi d' un "point d'étape" de deux jours sur la lutte contre ce fléau.

Charly TRIBALLEAU - AFP

Trois ans et demi après le séisme du rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l'Eglise catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) a donné lundi à Lourdes le coup d'envoi d' un "point d'étape" de deux jours sur la lutte contre ce fléau.

En parallèle, le sanctuaire de Lourdes a commencé lundi martin à masquer certaines mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d'agressions sexuelles: un "nouveau pas symbolique", après la décision en juillet de ne plus éclairer les mosaïques la nuit, pour que "l'entrée dans la basilique soit facilitée pour toutes les personnes qui aujourd'hui ne peuvent pas en franchir le seuil", a expliqué l'évêque de Tarbes-Lourdes, Jean-Marc Micas.

Le colloque, rassemblant plus de 300 participants, est organisé en amont de l'assemblée plénière de la CEF, qui élira mercredi un nouveau président.

"Notre intention, pendant ce jour et demi, est de mesurer le chemin parcouru, de tracer des perspectives pour la suite", a affirmé le président de la CEF, Eric de Moulins-Beaufort, dans son discours d'ouverture.

Il a remercié les nombreuses victimes présentes: "leur décision de nous parler leur a parfois valu du mépris. Ils et elles nous ont puissamment aidés".

Parmi ces victimes, Nathalie, 69 ans, victime à 14 ans d'un prêtre parisien, s'est dite "un peu étonnée que le terme viol soit très peu utilisé: agression sexuelle pour moi c'est un peu trop policé".

"Les victimes attendent des choses très concrètes", a ajouté Christian Guéritauld, du collectif Les Voix libérées, après la pose ce mois-ci dans la basilique de Tours d'une plaque en hommage au chef de choeur qui les a agressés.

Regis Dubourg, qui a lui joué un rôle de coordinateur, explique être "venu pour vérifier que dans l'institution-Eglise personne ne dise qu'il faut tourner la page". "Comment cartographier les risques à venir?", s'est-t-il interrogé.

- "Discours de vérité" -

Egalement présent, le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a jugé "important que nous puissions regarder ensemble ce type de réalités".

Hasard de la géographie: le colloque se tient à une vingtaine de kilomètres de l'établissement d'enseignement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, au centre de multiples révélations de violences sexuelles.

Mgr de Moulins-Beaufort a indiqué avoir rencontré dimanche, "dans la conscience du travail à faire", Alain Esquerre et Pascal Gélie, du collectif des personnes victimes à Bétharram.

L'occasion selon Pascal Gélie, présent au colloque, d'un "discours de vérité". Il a aussi invité la future direction de la CEF, qui prendra ses fonctions en juillet, à "ne pas tourner la page".

Ce "point d'étape" est organisé trois ans et demi après la publication du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique) qui a estimé à 330.000 le nombre de mineurs victimes depuis les années 1950.

Dans le sillage de ces révélations, l'Eglise avait reconnu sa responsabilité institutionnelle et créé deux instances de reconnaissance pour les victimes ainsi que neuf groupes de travail, qui avaient émis des recommandations en mars 2023.

Où en est-on de leur mise en oeuvre? Un rapport présenté au colloque salue "une réelle volonté de changement" même si "c'est forcément un long processus" car "il s'agit d’entrer dans un changement profond de culture".

Parmi les mesures recensées: un cours en ligne sur le "risque d'instrumentalisation de la parole de Dieu", une "charte de bientraitance pour la protection des mineurs", un outil d'auto-diagnostic pour les communautés accueillant des mineurs, des procédures d'accueil et de formation des futurs prêtres...

"Le chemin est ouvert, mais il est loin d’être achevé", a affirmé Mgr de Moulins-Beaufort.

Mardi matin une table ronde réunira le président de la Ciase Jean-Marc Sauvé, et ceux des deux commissions de réparation décidées en 2021: Marie Derain de Vaucresson pour l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et Antoine Garapon pour la CRR (Commission reconnaissance et réparation).

En parallèle du colloque, l'association Mouv'Enfants de victimes de violences sexuelles compte organiser lundi dans un hôtel de Lourdes un "faux procès de l'Eglise et de l'Etat pour crime contre l'humanité".

Par Claire GALLEN / Lourdes (AFP) / © 2025 AFP

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