"On tremble tout le temps, mon mari part le matin avec la boule au ventre"
Son portable posé sur le canapé, Morgane attend des nouvelles de son mari. CRS, il passera cette année Noël à Dunkerque, loin de ses deux filles, pour la première fois de sa carrière. "On n'en peut plus, on ne voit plus nos familles, on ne voit plus nos maris, on n'a plus de vie. On tremble tout le temps, mon mari part le matin avec la boule au ventre parce qu'on ne sait pas ce qu'il va se passer dans la journée. On ne peut plus rien prévoir. Pour la vie de famille, forcément, c'est compliqué."
"Compliqué" après avoir protégé les cinq mobilisations des "gilets jaunes" à Paris, "compliqué" aussi, plus généralement, depuis trois ans et les attentats du 13-Novembre. La vie de famille n'est plus la même : "On vit réellement cachés. J'ai demandé aux enfants de ne pas dire, à l'école, que leur papa était policier. Sur les papiers de l'école, j'écris que mon mari est fonctionnaire, tout simplement. Il ne part pas et ne vient pas à la maison en uniforme, on fait en sorte que peu de gens le sachent".
"On en a marre de s'excuser que nos hommes fassent leur métier"
Se protéger du regard des autres, Nadine aussi le fait. Compagne de gendarme, elle évite de plus en plus les réseaux sociaux et lit moins tous les commentaires : "On est obligé de justifier que ce qu'il fait, c'est parce que c'est son travail. On en a marre de s'excuser que nos hommes fassent leur métier. Je n'ai pas envie que mon mari revienne avec un œil en moins".
Malgré tout, les deux femmes sont unanimes : elles ne verraient pour rien au monde leurs conjoints faire un autre métier.