Assis sur leur canapé, devant leur télévision, ces trois gilets jaunes écoutent d’abord avec attention les paroles de leur Premier ministre. Édouard Philippe parle de résultats à venir, de baisses d’impôts prévues pour les prochaines années… Mais ça ne convient pas Xavière : "Moi, mes impôts, ils sont toujours les mêmes. Je paie 215 euros de taxe d’habitation et je n’arrive pas à les payer. L’année prochaine, je m’en fous, c’est maintenant !"
Édouard Philippe évoque ensuite le gain en pouvoir d’achat grâce à la suppression de certaines cotisations. Pour Béatrice, ce bénéfice est effacé par le prix du carburant : "25 euros de moins par mois, alors que j’ai 25 euros de plus en essence tous les dix jours. Il me faut 85 euros pour faire un plein !"
Et Hassan surenchérit : "C’est des bobards les cotisations ! T’as vu disparaître quoi toi ? D’un côté, ils te font disparaître un truc, de l’autre ils t’augmentent un truc. Et quand ils augmentent le prix du gazole, moi j’habite à 50 km, si je dois faire le trajet tous les jours avec mon diesel, comment je fais ?"
Ces trois manifestants restent alors muets avant la fin de l’intervention, puis Hassan dresse son bilan : "Il a parlé pendant je sais pas combien de minutes, il n’a rien dit d’intéressant. Il a dit ‘Je vais continuer, je garde le cap, je comprends les Français.’ Mais il ne comprend personne. Il ne nous comprend pas, il est dans un autre monde, ils n’ont aucune réponse à nous donner. Donc on continuera et puis c’est tout. Il est hors de question d’arrêter."
Et ces gilets jaunes parlent déjà de nouvelles mobilisations, car le Premier ministre ne les a pour l’instant pas convaincus. Il les a même bien motivés.
Un reportage de John Bourgeois pour Sud Radio