Une quarantaine de médecins du SAMU de Rouen sont en grève depuis le 23 décembre pour réclamer des embauches et une meilleure rémunération, tout en continuant à prendre en charge les patients, a-t-on appris mardi de source syndicale.
"Le mouvement de grève est reconduit pour une durée indéterminée" même si la prise en charge des malades se poursuit, a déclaré à l'AFP Fabrice Venier, représentant régional de l'AMUF, Association des médecins urgentistes de France, et lui-même urgentiste au SAMU et au CHU de Rouen.
Les grévistes réclament notamment une revalorisation des honoraires des médecins privés régulateurs, volontaires pour répondre aux appels plusieurs heures par semaine aux côtés des médecins urgentistes. "Ils demandent aussi à être payés plus cher la nuit que le jour, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", indique M. Venier.
L'AMUF insiste sur l'importance que les listes de gardes revenant aux régulateurs privés "soient remplies: avant 2003 il y avait une obligation de garde des médecins généralistes, maintenant que ça se fait sur la base du volontariat, on est coincés", déplore Fabrice Venier, qui souligne qu'aucun des trois postes de régulateurs généralistes n'était pourvu pendant les vacances de Noël.
Ce manque de personnel crée des "pertes de chance" pour les patients qui attendent parfois "une heure au pic d'appels" et raccrochent, au risque de rater "une véritable urgence", a expliqué le médecin.
Les revendications des grévistes portent aussi sur les heures supplémentaires non payées et le recrutement des personnels paramédicaux, infirmières et brancardiers.
"Il y a un épuisement physique et psychologique", estime M. Venier, "les urgences de toute la région sont totalement saturées. Il y a des gens qui restent deux ou trois jours en attente de lit" dans un service d'hospitalisation.
"L'accès aux soins est de plus en plus difficile, depuis des années je n'avais jamais vu ça", déplore M. Venier: "on a eu quatre ministres de la Santé en un an, avec l'impression que rien ne bouge".
L'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie "travaille régulièrement avec l’ensemble des acteurs du territoire pour mettre en place des réponses organisationnelles et augmenter le nombre de médecins régulateurs libéraux, afin d’adapter les capacités de traitement des appels" à leur augmentation "continue depuis trois ans", a répondu son service communication.
AFP / Caen (AFP) / © 2025 AFP