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Les tractations de Bayrou avec le PS au point mort à la veille de la déclaration de politique générale

Malgré plusieurs heures d'échanges lundi entre le gouvernement et le Parti socialiste, les négociations pour trouver un accord de non-censure ont achoppé, à la veille de la déclaration de politique générale de François Bayrou. Avec au coeur des discussions, encore et toujours, la réforme des retraites.

OLIVIER CHASSIGNOLE - AFP

Malgré plusieurs heures d'échanges lundi entre le gouvernement et le Parti socialiste, les négociations pour trouver un accord de non-censure ont achoppé, à la veille de la déclaration de politique générale de François Bayrou. Avec au coeur des discussions, encore et toujours, la réforme des retraites.

L'équation reste toujours aussi délicate pour le Premier ministre, engagé dans des tractations avec la gauche non-mélenchoniste, sans pour autant braquer ses alliés LR et même macronistes, qui haussent le ton face à un possible retour en arrière sur les retraites.

Et pour l'heure, les pourparlers semblent dans l'impasse avec le PS, dont une délégation emmenée par le premier secrétaire Olivier Faure a d'abord été reçue par les ministres Catherine Vautrin (Travail et Santé), Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), puis deux heures durant par François Bayrou à Matignon en début de soirée.

"Au moment où je vous parle, les propositions qui sont sur la table ne sont pas acceptables pour le Parti socialiste et nous le regrettons", a résumé sur BFMTV le secrétaire général du PS Pierre Jouvet, soulignant l'absence "d'avancée significative". Quant à la revendication majeure du parti à la rose, ses représentants n'ont reçu "aucune garantie concernant la suspension de la réforme des retraites".

De quoi précipiter le PS dans les bras de la censure, puisqu'une motion sera sans nul doute déposée par les Insoumis mardi, dans la foulée de la très attendue déclaration de politique générale de François Bayrou programmée à 15H00 à l'Assemblée.

Si, faute de soutien du Rassemblement national au texte LFI, le gouvernement ne devrait pas tomber, l'incapacité de M. Bayrou à rallier le PS jette un doute sur la pérennité de ce gouvernement qui pourrait, comme son prédécesseur, se heurter au mur du vote du budget en cours de négociation.

- Un "gage" qui divise -

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, entouré par les présidents du groupe socialiste à l'Assemblée Boris vallaud (d) et du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le 16 décembre 2024 à Paris

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, entouré par les présidents du groupe socialiste à l'Assemblée Boris vallaud (d) et du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le 16 décembre 2024 à Paris

LOU BENOIST - AFP

Au centre des tensions, les socialistes réclament que cette suspension soit effective dès le début de la renégociation de la réforme envisagée pour six mois avec les partenaires sociaux, et non pas uniquement en cas de succès de celle-ci. "La suspension c'est le gage donné à une discussion qui ne peut pas être un enfumage", soutient Olivier Faure dans Libération.

Si cette pause était techniquement faisable, cela voudrait dire que les personnes nées en 1963 pourraient partir à 62 ans et 6 mois (avec une durée de cotisation de 42 ans et un trimestre) au lieu de 62 ans et 9 mois (avec une durée de 42,5 ans) comme prévu.

Mais cette suspension divise le camp présidentiel.

Certains semblent prêts à l'accepter, comme prix de la stabilité politique, à l'instar de Yaël Braun-Pivet qui a affirmé "ne pas être opposée par principe" au fait d'"arrêter" brièvement la réforme des retraites pour en "rediscuter".

D'autres en revanche s'y opposent, faisant valoir son coût, estimé autour de 3 milliards d'euros pour la seule année 2025.

"Suspendre c'est abroger, il faut arrêter de jouer sur les mots. On ne peut pas se permettre de détricoter la réforme des retraites", a prévenu le député macroniste Mathieu Lefèvre sur RMC.

"Ca n'est jamais mauvais de discuter (...) Mais revenir en arrière, perdre du temps (et) placer la France dans une situation financière plus critique me paraît une mauvaise idée", a également mis en garde Edouard Philippe depuis sa ville du Havre.

- "Sauter dans le vide" -

Le maire du Havre et ancien Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau le 13 janvier 2025 au Havre

Le maire du Havre et ancien Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau le 13 janvier 2025 au Havre

LOU BENOIST - AFP

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a, lui, jugé qu'"il y a des choses qu'on peut négocier à nouveau", notamment sur "l'usure professionnelle" et "l'emploi des seniors".

Mais "c'est une réforme qui est systémique et si demain on atteignait le cœur du réacteur en termes de rendement budgétaire de cette réforme, alors on mettrait la France, pour le plaisir de la gauche, en danger, notamment budgétaire et financier", a-t-il aussi averti lundi soir.

Le PS propose de financer cette suspension par le Fonds de réserve des retraites, créé à la fin des années 90, mais "ce n'est pas une cagnotte", a prévenu la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur Radio J.

La droite menace de son côté de quitter le gouvernement si François Bayrou fait trop de concessions à la gauche.

Dans un entretien accordé au Parisien, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a estimé que "suspendre (la réforme) sans scénario alternatif" reviendrait à "sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la Droite républicaine !".

Les échanges vont donc se poursuivre, avec jamais loin de M. Bayrou l'ombre du président de la République, dont le bilan est étroitement lié à la réforme des retraites.

Par Antonio RODRIGUEZ / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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