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LGV du Sud-Ouest: rassemblement d'opposants sous surveillance en Gironde

Rejoints par le mouvement écologiste radical des Soulèvements de la Terre, des opposants à la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest, qui doit relier en 2032 Toulouse à Paris en trois heures dix, se mobilisent samedi en Gironde sous la surveillance des autorités.

Thibaud MORITZ - AFP

Rejoints par le mouvement écologiste radical des Soulèvements de la Terre, des opposants à la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest, qui doit relier en 2032 Toulouse à Paris en trois heures dix, se mobilisent samedi en Gironde sous la surveillance des autorités.

Selon la gendarmerie, 800 à 1.000 personnes, dont une "forte proportion" de militants "encagoulés", étaient présentes en matinée dans un campement installé sur un terrain privé du village de Lerm-et-Musset, à 75 km au sud de Bordeaux.

C'est là, aux confins de la forêt landaise, que doit avoir lieu dans l'après-midi une manifestation non déclarée aux contours encore flous, présentée comme une série de jeux — "Giga Kapla", "Mille Bornes" ou "Dixit naturaliste" — contre la liaison à venir entre Bordeaux, Toulouse et Dax. Un "grand projet inutile" d'une quinzaine de milliards d'euros, hors inflation récente et à venir, dénoncent les organisateurs.

Les autorités avaient évoqué cette semaine la possible participation de 3.000 opposants, redoutant la venue de "plusieurs centaines d'individus très violents".

Selon les gendarmes, une vingtaine de "fichés S" et des personnes déjà contrôlées lors de manifestations contre l'A69 en Occitanie sont présentes. Un hélicoptère surveillant la zone durant la nuit a été visé par des tirs de mortiers d'artifice qui n'ont pas fait de blessés ni causé de dégâts.

Une enquête est ouverte, selon la préfecture. "L'objectif n'est pas de laisser s'installer une ZAD", a déclaré le préfet de la Gironde, Etienne Guyot.

- "Sortir des radars" -

Si la LGV est largement soutenue par les collectivités en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine, l'opposition est ancienne et hétérogène, mêlant élus et parlementaires locaux, habitants, sylviculteurs et viticulteurs.

Projet de nouvelles lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest

Projet de nouvelles lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest

Sophie RAMIS, Cléa PÉCULIER - AFP

Après de premières mobilisations ces dernières années, des collectifs ont fait appel aux Soulèvements de la Terre pour "sortir des radars au niveau national" en s'appuyant sur les "luttes antérieures" du mouvement connu notamment pour son opposition aux "bassines", des réserves d'irrigation contestées dans le Poitou.

"Aujourd'hui, l'enjeu c'est de généraliser la mobilisation pour ne pas laisser passer cette LGV démentielle et ruineuse, destructrice pour les territoires et les ressources naturelles", a déclaré samedi matin à la presse Jean Olivier, membre de la coordination "LGV non merci".

"On a vraiment besoin de se faire connaître, on veut faire de cette journée un levier pour amplifier la communication sur tous les problèmes liés à ce projet", a dit à l'AFP Marie-Christine Hergle du collectif "LGV NiNa" (Ni ici Ni ailleurs).

D'autres sont partisans d'une lutte par "des canaux légaux", à l'instar des initiatives de parlementaires girondins (de LFI à LR en passant par EELV et le MoDem) qui réclament au gouvernement un moratoire et/ou un référendum local sur la LGV.

- Chantier "pharaonique" -

Celle-ci doit relier, en 2032, Toulouse à Paris en trois heures et dix minutes, gagnant plus d'une heure sur l'itinéraire actuel et détournant des usagers de l'avion. Un embranchement traversant l'est de la forêt landaise doit rallier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et, un jour, permettre des liaisons directes avec l'Espagne.

Rassemblement pour protester contre la ligne à grande vitesse (LGV) Sud-Ouest, à Lerm-et-Musset (Gironde), le 12 octobre 2024

Rassemblement pour protester contre la ligne à grande vitesse (LGV) Sud-Ouest, à Lerm-et-Musset (Gironde), le 12 octobre 2024

Thibaud MORITZ - AFP

Des travaux ont commencé au nord de Toulouse mais l'autorisation nécessaire à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalables au chantier de la LGV lui-même prévu pour 2028, reste à délivrer d'ici fin novembre.

Le président (PS) de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, défend un "investissement pour un siècle au moins" qui permettrait de "sortir" de la route les 10.000 camions qui remontent chaque jour d'Espagne, en libérant les lignes existantes pour le fret.

Mais les opposants dénoncent un projet "mortifère" qui conduirait selon eux à l'artificialisation d'environ 5.000 hectares, en traversant notamment la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, et sa hêtraie ancestrale.

Ils prônent une rénovation des lignes existantes pour développer les "trains du quotidien" et critiquent l'imposition d'une taxe spéciale à plus de 2.300 communes, proches du tracé, pour ce chantier "pharaonique" cofinancé par l'État, les collectivités locales et l'Union européenne.

Par Jean DECOTTE / Lerm-et-Musset (France) (AFP) / © 2024 AFP

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