"L'IGPN, ce sont des policiers qui enquêtent sur d’autres policiers"
Emmanuel Macron doit annoncer un renforcement du contrôle des forces de l’ordre. Cela veut-il dire que l’IGPN ne fonctionne pas correctement ? "L’IGPN souffre d’une crise de confiance et de légitimité parce que c’est un organe interne de contrôle, explique Matthieu Zagroski, chercheur associé au CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales), et spécialiste des questions de sécurité intérieure. L’IGPN fait partie de la Police Nationale, ce sont des policiers qui enquêtent sur d’autres policiers."
"Il n’est pas question de remettre en question leur probité et leurs compétences, insiste-t-il. Mais il y a certaines discussions sur le manque de distance qu’ils ont par rapport aux enquêtes qu’ils mènent, ainsi que sur leur transparence. D’où cette idée de créer en plus un organe de contrôle externe, qui ne serait donc pas un organe policier, permettant de redonner de la confiance dans les enquête menées à l’encontre des policiers."
"Est-ce que ce sera un organe d’appel de l'IGPN ?"
À l’heure actuelle, les enquêtes menées par l’IGPN aboutissent-elles, sont elles bien menées ? "Disons que l’IGPN est critiquée pour son supposé manque de sévérité, estime le co-auteur de « Vis ma vie de flic » avec Juliette Alpha. C’est un élément compliqué à vérifier car les résultats des enquêtes IGPN sont confidentiels. D’autres pays sont plus transparents là-dessus." Pour l’instant, les policiers sont sceptiques quant à cette nouvelle annonce de l’Elysée. "Il ne faut pas nier non plus que la police a des pouvoirs supérieurs à n’importe quel citoyen et même à n’importe quel service public, tempère Matthieu Zagroski. Les policiers sont armés, peuvent contrôler l’identité, placer en garde à vue. Dans une société démocratique, le contrôle est le corollaire du pouvoir des forces de l’ordre."
"De plus, l’IGPN ne prononce pas de sanction, rappelle le chercheur associé au CESDIP. Elle mène des enquêtes et transmet ensuite des conclusions soit à la hiérarchie quand c’est une enquête administrative, soit au juge pénal quand c’est une enquête relative à une infraction. Le Défenseur des droits peut aussi se plonger dans certaines enquêtes policières. Comment cet nouvel organe va-t-il s’articuler avec l’IGPN et le Défenseur des droits. Est-ce que ce sera un organe d’appel ? Au Québec, une instance externe enquête quand une personne est tuée sur la police, une instance interne enquête sur les cas moins graves."
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