Militant pour la cause noire au sein du Cran et pour les droits des homosexuels, Louis-Georges Tin combat toutes les discriminations dans son livre Les impostures de l’universalisme.
Deux combats, une cause
Combiner ces deux causes particulièrement distinctes, Louis-Georges Tin a réussi à le faire grâce à un engagement sur "des moments différents parce qu'il y avait une actualité différente". À titre d'exemple, l'ancien porte-parole du Cran évoque la fin des années 1990 et la question du Pacs imposé en France. "Je me suis évidemment impliqué davantage dans ce contexte", confie-t-il. "Il y a à la fois la rencontre entre des agendas biographiques et personnels et des agendas politiques et collectifs", résume l'auteur qui allie ces deux causes dans un même but : la lutte contre les discriminations.
"Pour beaucoup de gens en apparence, elles n'ont rien à voir entre elles", admet-il. Mais dans les faits, "les processus discriminatoires sont bien souvent très semblables", observe Louis-Georges Tin qui fait remarquer les comparaisons aux animaux pour qualifier "des groupes sociaux que l'on veut rabaisser". "Les homosexuels sont qualifiés de sodomites au Moyen-Age, ce qui renvoyait à la bestialité, les juifs étaient comparés aux rats, les noirs aux singes", rappelle l'auteur. "Il y a des mécanismes semblables. Les groupes sociaux sont très divers, et il n'y a pas trop de liens entre les roms, les musulmans et les homosexuels mais la manière de les exclure est similaire", remarque l'ancien président du Cran.
Quelques non-dits ou incohérences ?
André Bercoff souligne quelques incohérences sur des actions militantes pro-noires. L'exemple d'un couple débaptisant la rue Victor Hugo en Martinique, mais laissant la plaque à l'effigie du Crédit Lyonnais en est un exemple. "Dans l'esprit des militants, les choses sont très liées", répond Louis-Georges Tin qui note une superposition "des dominations capitalistes, raciales et coloniales". "Nous sommes dans une terre qui a connu l'esclavage et où les maîtres de l'économie sont encore les descendants des esclavagistes", rappelle-t-il, notant que "la domination économique est très clairement identifiée et très liée à la question raciale, en Martinique".
Même remarque concernant l'homophobie présente dans les quartiers à majorité musulmane en France. "J'ai combattu l'homophobie d'où qu'elle vienne et la charia qui est quelque chose d'absolument horrible", confie Louis-Georges Tin qui rappelle que l'on peut "être à la fois discriminé et discriminant". "Ce n'est pas parce qu'il y a des musulmans discriminés que l'on doit se réjouir, autoriser ou excuser les musulmans qui discriminent", affirme-t-il, soulignant qu'il ne faut pas tomber dans le piège inverse. "C'est un cercle vicieux dans lequel est engagé la France", déplore l'auteur qui appelle à "en sortir". "Il faut rompre cette spirale", argue-t-il.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !