S'il y a bien un trait commun parmi les Français, c'est l'esprit de révolte, de contestation et d'insoumission. Une coutume bien ancrée et même partagée par nos gouvernants. "Dans la Constitution de 1793, il était inscrit que le peuple avait le droit à l'insurrection", rappelle Luc Mary, non sans faire écho à la citation de Lafayette : "Le droit à l'insurrection est le plus sacré des devoirs".
10.000 insurrections en 500 ans
Même si la France est reconnue pour ses insurrections, elle n'en détient pas le monopole. "Preuve en est de la révolution bolchévique en Russie en 1917, ou la révolution islamique en Iran en 1979", souligne l'historien. Même "la révolution française s'inspire du modèle américain", avec des révoltes outre-Atlantique et en Angleterre qui ont précédé 1789.
Mais la France n'est pas en reste. "On a dénombré environ 10.000 révoltes, insurrections et émeutes depuis 500 ans dans le pays", note Luc Mary. "Pas une seule décennie ne se passe sans qu'une émeute n'éclate", ajoute-t-il. Qu'elles soient dans le Périgord, en Bretagne ou en Alsace, ce sont des révoltes "sporadiques" et localisées. "C'est plus facile à mater", estime l'auteur. Elles durent l'espace de quelques semaines ou quelques mois "et finissent toujours dans le drame, par des exécutions, des déportations, des écartèlements mais aussi des amnisties", rapporte l'historien.
Des révoltes autour de la fiscalité
La motivation des insoumis ? "C'est souvent un moteur fiscal, le refus de l'injustice fiscale", raconte Luc Mary. Les esprits s'échauffent particulièrement au sujet de la gabelle, un impôt sur le sel qui était un condiment indispensable pour la conservation des aliments. "C'était l'or blanc de l'État pendant cent ans", souligne l'écrivain. "Tous ceux qui voulaient du sel devaient payer de fortes taxes", rapporte-t-il. Un impôt inégalement réparti parmi les régions, "certaines la payaient très chère, d'autres en étaient dispensés".
🗣️Luc Mary, auteur de « La #France en colère : 500 ans de rébellions » : "En 68, c'est la seule révolution morale qui ait réussi, ça a changé les mentalités (...) Les étudiants ont gagné la bataille des idées"
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— Sud Radio (@SudRadio) March 23, 2021
Le scénario est souvent le même. "Les commis du fisc débarquent dans un village avec les gardes mobiles et tout de suite, on traque les faux sauniers qui sont défendus par la populace", raconte l'historien. Une armée "dite de souffrance" s'organise alors sous l'égide du curé, "et c'est au nom du roi, qui est mal servi par ses condisciples que l'on se bat", souligne Luc Mary. Qu'ils soient canuts, bonnets rouges, croquants ou nu-pieds, leurs révoltes auront émaillé près de deux siècles. "Ce sont des révoltes qui n'ont jamais remis en question l'ordre établi", précise l'historien.
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