Convoqué au commissariat pour avoir mis le feu à une poubelle lors d’un blocus de son lycée, Valentin, 17 ans, s’est retrouvé en garde à vue:
"Ça ressemblait à juste un canapé fait en ciment. Il y avait des excréments dans le coin du mur. Pas juste des traces, c'était vraiment un tas dans le coin".
"Ils nous mettaient la pression"
Une expérience traumatisante qu’a également vécu Hugo… lui aussi placé en garde à vue pour avoir participé à un blocus: "J'étais choqué, je savais pas pourquoi, ils ne m'ont pas donné de raison. J'avais rien à voir avec les incendies des poubelles. Au début, j'avais du mal à respirer parce-que c'était étroit. Cela fait peur se se retrouver là dedans, enfermé".
Ces jeunes décrivent des interrogatoires musclés avec les policiers:
"Ils essayaient de nous faire donner des noms, dire les professeurs qui nous incitaient à faire des blocus. Ils se sont énervés, nous ont dit que ce qu'on faisait était mal... Et que, à tout garder pour nous, on n'allait pas s'en sortir. Ils nous mettaient la pression".
Une répression qui inquiète maître Lucie Simon, l’une des avocates des lycéens. Elle dénonce des garde à vue massive: "ce qu'on craint, c'est évidemment une répression pénale du mouvement social. On a l'impression qu'il y a un nouveau pallier qui est franchi, et qui est celui de placer des mineurs en garde à vue puis des les déférer".
Plusieurs jeunes ont été condamnés à des mesures de réparation pénale. Ils pourraient par exemple travailler quelques heures pour la collectivité.
"Des consignes d'en haut pour mâter le mouvement social"
"La garde à vue, c'est l'exception normalement, la liberté étant la règle. C'est encore plus exceptionnel lorsque ça concerne un mineur. On constate avec effarement que, pour des faits plutôt mineurs, il y a des placements systématiques en garde à vue" - Maître Lucie Simon, avocate de lycéens, dénonce des dérives et des gardes à vue massives