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Lydia Guirous - Crise de l’hôpital : allons-nous continuer à être soigné comme avant ?

Hier soir dans une tribune du Parisien, 75 psychiatres ont interpellé la première ministre sur l'urgence de créer de nouveaux postes.

Hier soir dans une tribune du Parisien, 75 psychiatres ont interpellé la première ministre sur l'urgence de créer de nouveaux postes.

Hier soir les psychiatres, depuis plusieurs semaines les urgences et depuis plusieurs mois des taux d'absentéisme et de postes non pourvus avoisinant les 40%. La situation est grave et il est très difficile de voir une sortie de crise car la question n'est pas uniquement une question de moyens ou de salaires mais également un problème d'ordre psycho-sociologique, de reconnaissance du soin et des soignants au sein de la société, particulièrement à l'hôpital public.

Et ces derniers, notamment après la crise COVID, ont le sentiment d'être délaissés, de passer à côté d'une vie qu'ils ont redécouverte pendant le confinement, pour des salaires relativement faibles. Au premier confinement, ils ont senti l'amour des Français et des pouvoirs publics et après rien, chacun étant revenus à sa vie avec ses soucis et ses problèmes de pouvoir d'achat en particulier. L'hôpital public sombre dans une forme de dépression.

Vous ne pensez pas que la sortie de crise est essentiellement financière ?

Non car elle est insuffisante et sera inefficace selon moi. On pourra arriver au Segur 18 qu'on aura les mêmes problèmes. Certains métiers n'attirent plus, ou moins, notamment les métiers dits "durs" avec de fortes contraintes horaires de jour et de nuit. On retrouve d'ailleurs ce phénomène dans la restauration et l'hôtellerie.  La COVID a fait exploser l'omerta autour des conditions de travail et le refoulement autour de la pénibilité du travail. On arrivera sans doute à trouver des médecins mais certaines spécialités comme la psychiatrie ou l'anesthésie  auront d'énormes difficultés. Et pour le personnel dit non médical (aide soignantes et infirmières), cela sera de plus en plus dur.

Oui mais doit on en conclure que l'on sera moins bien soigné à l'hôpital ?

C'est déjà le cas malheureusement...la faiblesse des effectifs, la tension qu'elle engendre, ne peut aboutir qu'à des situations de perte de chance et également à une forme de maltraitance institutionnelle. Comprenons nous bien mon cher Patrick, je ne vise pas les soignants individuellement que je respecte beaucoup, mais une pénurie systémique qui ne peut que générer une baisse de la qualité des soins et des prises en charge.

Mais alors quelles solutions ?

Elisabeth Borne l'a rappelé, la santé est l"un des trois chantiers prioritaires du gouvernement avec le pouvoir d'achat et le climat. Elle a demandé aux Ministres en charge de la question de la santé de faire des propositions rapides pour ne pas être pris à la gorge cet été.  Espérons que celles ci viennent vite...Mais je pense qu'il faudra voir plus loin qu un énième Segur et envisager très rapidement la mise en place encadrée de filières étrangères de personnel non médical, comme on l'a fait jadis avec les médecins, car sinon on n’y arrivera pas ou pas assez vite.

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