Retrouvez l'édito de Lydia Guirous le mardi dans le Grand Matin Sud Radio.
Hier TF1 a organisé un débat ou plutôt un oral des candidats sur la guerre en Ukraine.
Plus qu’un débat, c’était un grand Oral avec une partie des candidats. Grand oral sur le thème fédérateur de la guerre et de la vision de chaque candidat sur cette crise. Très vite, cela est devenue une succession de mini émissions politiques en mode Salamé apaisée.
Pas de débat stérile, pas de confrontations inutiles et factices, pas de foires d'empoigne : la politique en est pour une fois sortie grandie et TF1 a organisé une émission intéressante et audible. Ce qui est rare en France aujourd'hui.
L'Ukraine n'était qu'un prétexte pour permettre d'avoir tous les candidats dont le Président Macron.
Oui, d'ailleurs très rapidement, la séquence profession de foi a donné le ton et nous a rapidement indiqué que la crise en Ukraine était une accroche pour organiser une émission présidentielle de bonne facture. Peut-être une façon de se rattraper auprès des Français de ne pas pouvoir organiser un débat de 1er tour avec le Président Macron. Ce qui est normal comme je vous l’ai dit dans un précédent édito : dans une conception gaulliste le Président doit rester au-dessus des partis et n'intervenir en débat qu'au deuxième tour.
Le thème de la guerre favorisait naturellement un peu le Président Macron, car il est le seul à avoir les manettes et les informations complètes sur cette crise. Les peurs suscitées par cette crise en Europe ne pouvaient au final qu'aligner les candidats dans leur réponse. Ce que Macron a parfaitement exploité en neutralisant tous les candidats avec son "tous unis" contre les crises.
Il y avait des exceptions ?
Oui comme Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, qui ont développé une position de non-alignement très gaulliste dans le fond. Mais cela n'a eu finalement que peu d'importance car on sait depuis longtemps que Macron sera au deuxième tour car il constitue, notamment en période de crise, une valeur refuge pour les Français. L'enjeu était surtout de voir qui était capable de l'affronter au 2ème tour.
D’ailleurs la dernière séquence "droit de réponse " a permis de jauger la capacité de synthèse des candidats sur leur programme. Et selon moi c'était la séquence la plus intéressante car lorsqu’on est capable de résumer sa candidature en quelques mots, c’est que le message est clair. Je dis bien clair et pas forcément pertinent.
À cet exercice, en écartant Emmanuel Macron, car il s’est exprimé en Président et non en candidat, car le sujet ne permettait pas finalement un tel grand écart. C’est Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour qui s’en sont sortis le mieux: nouveau monde pour le premier, sauver la France contre le système pour le second. Marine le Pen, quant à elle, a déroulé du début jusqu'à la fin une séquence "force tranquille" assez frappante mais réussie.
Bref c'était une belle émission politique même si on n'en sait pas beaucoup plus si ce n'était que Macron se retrouvera face à un membre du trio LePen/ Zemmour/Mélenchon car je doute que le "moi je" de Pécresse l'ai fait remonter dans les sondages et dans le cœur des Français.